Thierry Lafaye, DG d’Océalia, « Se diversifier sans s’éparpiller »
Le | Cooperatives-negoces
Pour Océalia, leader coopératif en Nouvelle-Aquitaine, la diversification reste une nécessité. La stratégie déployée ces derniers mois devrait se poursuivre car les résultats sont là. Toutes les filiales affichent une bonne santé financière, propice à créer de la valeur dans les exploitations des adhérents. Le groupe souhaite également doper sa communication vers le grand public en créant son propre label, « Le sillon responsable ».
Le groupe Océalia a, ces derniers mois, réalisé de nouvelles acquisitions. « Sur le fond, nous sommes engagés sur une accélération de la diversification, reconnaît Thierry Lafaye, le directeur général. C’est une vraie volonté politique même si nos métiers de base que sont l’appro et la collecte pèsent encore pour 70 % du chiffre d’affaires du groupe. Mais l’érosion des marges sur ces deux activités est enclenchée : la diversification est nécessaire pour aller chercher de nouveaux relais de croissance et ainsi poursuivre nos investissements sur les métiers de base. À terme, nous aimerions que nos filiales représentent environ 50 % de notre chiffre d’affaires global, contre 30 % aujourd’hui. Qu’il s’agisse des activités jardinerie, popcorn, viticole ou snacking, toutes affichent une bonne santé financière. Elles génèrent d’ailleurs 60 % de l’EBE en consolidé, ce qui confirme la pertinence des orientations choisies. »
« Renforcer notre savoir-faire et notre attractivité »
L’enjeu de cette diversification est de « créer de la valeur additionnelle pour mieux nous donner les moyens d’installer une agriculture durable, compétitive et rémunératrice. L’idée n’est pas de s’éparpiller mais bien de se renforcer dans des métiers pour lesquels nous avons déjà un savoir-faire ou une légitimité, précise-t-il. Voilà pourquoi par exemple, nous avons, en juin 2021, acquis 75 % de la société Agriculture et Robotique du Poitou qui dispose d’un contrat de franchise avec le groupe Lely, spécialiste de la robotique en élevage. L’objectif est clairement de renforcer la palette des solutions produits et services Océalia, en amont auprès des éleveurs du territoire. » Océalia souhaite également miser sur les circuits courts. Après le lancement de deux magasins essentiellement dédiés aux vins et spiritueux, le groupe a récemment acquis une biscuiterie artisanale pour élargir l’offre de produits régionaux.
Des conseillers d’exploitation à la pointe
En parallèle, le groupe renforce l’accompagnement de ses adhérents, via notamment la mise en place de contrats de services personnalisés. « Dès la première année de lancement, en 2019, près de 85 % des hectares contrôlés bénéficiaient d’un contrat de suivi, sur mesure, de qualité, explique Thierry Lafaye. L’enjeu était aussi d’anticiper la mise en place de la séparation du conseil et de la vente des phytos. Ces accompagnements s’inscrivent en effet dans une démarche de progrès centrée sur une approche plus globale de l’exploitation. L’agronomie et le digital participent à l’accélération de la mutation du modèle. Cette stratégie s’est accompagnée de moyens de formation importants pour tous nos conseillers d’exploitation car leur posture évolue. En portant l’ensemble des services de la coopérative, leur poste devient plus exigeant. »
Miser aussi sur l’humain
Le groupe ajuste d’ailleurs ses ressources humaines au fur et à mesure de ses développements. « L’équipe Innov’agro du pôle agricole s’est ainsi étoffée depuis quatre ans, rappelle le directeur général. Elle compte désormais 30 techniciens et ingénieurs. Si nos conseillers d’exploitation restent les ambassadeurs de la coopérative en portant l’ensemble des offres, ils n’ont pas forcément les réponses à toutes les questions techniques liées à la diversité des systèmes de production. Ils peuvent alors compter sur l’équipe Innov’agro. »
Un partenaire incontournable à l’échelle régionale
Avec ses 810 M€ de chiffre d’affaires et sa présence sur huit départements, le groupe Océalia fait figure de leader à l’échelle régionale. « À ce titre, nous participons activement aux échanges avec les agences de l’eau, les chambres départementales d’agriculture, les collectivités territoriales… Pour peser dans les décisions, nous devons être reconnus comme un acteur et partenaire incontournable. Nous restons ouverts sur notre environnement proche, confirme Thierry Lafaye. Si des opportunités se présentent, si des partenariats méritent d’être noués, alors nous les mettrons en œuvre. Même si Océalia est née de quatre fusions en dix ans, grossir à tout prix n’est pas une fin en soi. Pour installer une agriculture durable et performante, nous devons non seulement innover en amont mais également créer de la valeur en aval. »
Un label pour mieux communiquer
Pour parler de façon plus audible au grand public, le groupe Océalia va lancer son propre label, « Le sillon responsable » qui portera ses solutions pour l’agriculture de demain. « Notre souhait est de communiquer vers l’extérieur pour rendre nos métiers, notre entreprise, plus attractifs pour nos futurs salariés et adhérents, confie Thierry Lafaye. Différents ateliers sont en cours pour structurer la démarche et pour en identifier, avec davantage de précisions, les contours. Elle devrait être présentée en juin à nos adhérents. »