Référence agro

La filière céréalière montre son engagement dans la transition climatique

Le

La transition climatique est à l’œuvre dans le secteur des céréales. C’est ce qu’ont expliqué Intercéréales, Passion Céréales et Arvalis-Institut du végétal, le 7 avril lors d’un point presse en présence du climatologue Jean Jouzel.

La filière céréalière montre son engagement dans la transition climatique
La filière céréalière montre son engagement dans la transition climatique

[caption id=« attachment_91053 » align=« alignright » width=« 659 »]

La filière céréalière montre son engagement dans la transition climatique - © D.R.
La filière céréalière montre son engagement dans la transition climatique - © D.R.

Les rendements stagnent depuis ces six dernières années qui ont toutes connu des aléas climatiques[/caption]

Les agriculteurs et les entreprises sur le secteur des grandes cultures prennent très au sérieux l’enjeu de la lutte contre le réchauffement climatique, et veulent le faire savoir. Intercéréales, Passion Céréales et Arvalis-Institut du végétal organisaient un point presse le 7 avril sur le sujet, en présence de Jean Jouzel, le célèbre climatologue et ancien membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, Giec.  « Le changement climatique est irréversible jusqu’en 2050, a-t-il rappelé. Nous agissons maintenant pour l’après 2050. Si rien n’est fait, nous connaitrons des hausses de quatre à cinq degrés. Les émissions de gaz à effet de serre ont plus que doublé en cinquante ans »

Les rendements chamboulés tous les ans

Déjà des effets sont visibles sur les céréales. Les rendements stagnent depuis ces six dernières années qui ont toutes connu des aléas climatiques : le déluge d’eau et le faible ensoleillement de 2016, les sécheresses et les coups de chaud du printemps 2017, la sécheresse de l’automne 2018, les coups de chaud en 2019 ou encore les inondations à l’automne et à l’hiver 2020 qui ont provoqué des retards de semis.

Génétique, OAD et rotations

[caption id=« attachment_91054 » align=« alignleft » width=« 360 »]

La filière céréalière montre son engagement dans la transition climatique - © D.R.
La filière céréalière montre son engagement dans la transition climatique - © D.R.

« Seule, la variété ne suffira pas à gommer les variations climatiques », insiste Séphane Jézéquel, directeur scientifique d’Arvalis.[/caption]

Au champ, la filière mise sur trois types principales de solutions, à commencer par la génétique. Les recherches s’orientent vers des variétés capables de profiter des périodes les plus favorables des cycles désormais chamboulés et qui répondent aux climats des prochaines années. « Mais la variété seule ne suffira pas à gommer les variations climatiques », insiste Séphane Jézéquel, directeur scientifique d’Arvalis. Les outils d’aide à la décision devront aussi permettre aux agriculteurs de s’adapter, qu’ils soient ciblés sur la fertilisation, l’irrigation ou la prévention des maladies. Ces deux leviers devront être combinés avec une refonte des pratiques culturales, impliquant une réduction du travail du sol, une introduction des légumineuses dans les rotations, la systématisation des couverts végétaux en interculture pour aller vers des systèmes plus résilients aux niveaux agronomique et économique.

Profiter du Label bas-carbone

Les céréaliers participent également à l’atténuation du changement climatique. « Un hectare de céréale stocke quatre à huit fois plus de carbone qu’il n’en émet », insiste le directeur scientifique d’Arvalis. Il permet de stocker en moyenne 450 kilogrammes de carbone dans le sol, soit l’équivalent de 1650 kg eq CO2 par hectare. « Pour assurer ce rôle de stockage de carbone, l’agriculteur devra adopter des pratiques pérennes d’une année sur l’autre », ajoute toutefois Stéphane Jezequel. La filière compte profiter du Label bas-carbone pour valoriser économiquement les pratiques. Déposée fin 2020, la méthode de calcul est toujours en cours de validation par les services du ministère de l’Agriculture. « Le dossier a commencé à être examiné en mars », explique-t-il.

La stratégie se décline sur toute la filière pour bâtir une économie décarbonée. Un comité RSE s’est constitué avec des entreprises pour réfléchir sur les axes de travail. Au niveau logistique, les entreprises souhaitent renforcer le fret ferroviaire et fluvial, le transport routier roulant aux biocarburants, ainsi que le transport électrique à l’intérieur des villes pour réaliser le dernier kilomètre. Parmi les autres priorités : engager les meuniers dans le zéro déchet, les brasseurs dans la réduction du poids des bouteilles et l’implication plus importante dans le recyclage, ou encore réduire l’usage de l’emballage plastique.