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La HVE devrait être valorisée 40 % de plus que le conventionnel

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Une étude menée par l’Ecole supérieure d’Angers montre des surcoûts importants pour une exploitation souhaitant aller vers la Haute valeur environnementale, HVE. Elle met en avant une nécessaire valorisation des produits qui en sont issus et une sensibilisation des consommateurs.

La HVE devrait être valorisée 40 % de plus que le conventionnel
La HVE devrait être valorisée 40 % de plus que le conventionnel

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La HVE devrait être valorisée 40 % de plus que le conventionnel - © D.R.
La HVE devrait être valorisée 40 % de plus que le conventionnel - © D.R.

Ronan Symoneaux, chargé de recherche en évaluation sensorielle et en sciences du consommateur à l’Esa.[/caption]

Quelle est la pertinence pour les acteurs économiques d’aller vers la Haute valeur environnementale, HVE ? L’Ecole supérieure d’Angers, Esa, a donné des éléments de réponse à cette question dans le cadre de son partenariat avec l’association Beauce Val de Loire. Laquelle rassemble quatorze partenaires dont Axereal, la Scaël, le Négoce agricole centre atlantique (Naca), les Ets Pissier, Tereos ou encore la Chambre d’agriculture du Loiret. Pilotée par la société de conseil Hexavalor, l’étude porte notamment sur la perception des consommateurs et le surcoût.

La diminution des intrants ne compense pas la hausse des charges

« Sur ce dernier point, nous avons simulé des scénarios vers la HVE sur neuf exploitations », indique Mohamed Ghali, enseignant-chercheur en économie. Les résultats ont montré une hausse moyenne des charges de 2 %, mais avec une variation conséquente entre exploitations. « Certaines arrivent à réduire leurs charges, mais il faut être excellent, explique-t-il. D’autres les augmentent de 10 à 11 %. Ces charges concernent la main d’œuvre ou encore la mécanisation. L’économie sur les intrants ou l’irrigation ne permettent pas de compenser les autres charges. » La baisse moyenne de rendement est estimée en moyenne à 10 %. Et celle de la perte de la superficie agricole, liée à l’obligation d’une mise de terres hors production, de 6 %.

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La HVE devrait être valorisée 40 % de plus que le conventionnel - © D.R.
La HVE devrait être valorisée 40 % de plus que le conventionnel - © D.R.

Mohamed Ghali, enseignant-chercheur en économie à l’Esa.[/caption]

Une baisse de chiffre d’affaires de 14 %

« Tout cumulé, la baisse globale du chiffre d’affaires s’élève donc à 14 %, avec des variations comprises entre 2 et 50 %, analyse Mohamed Ghali. Il y a donc un sérieux manque à gagner, qu’il faut nécessairement compenser par une valorisation de la production. Or, en l’état actuel du marché, il n’est possible de valoriser que la moitié des productions en HVE. » Ce qui fait dire aux chercheurs que les produits HVE doivent être 40 % plus chers que leurs pendants en conventionnel. « L’augmentation est conséquente, avertit le chercheur. Le surcoût de la démarche peut toutefois baisser au fur et à mesure de la valorisation des produits HVE sur les marchés et de la maîtrise technique de la démarche. Ce qui réduira l’impact économique pour les consommateurs. »

Un logo peu connu mais bien perçu

Quoi qu’il en soit, le développement de la HVE devra donc s’accompagner de pédagogie et de communication auprès des consommateurs pour faire accepter une éventuelle hausse des prix. D’autant que le logo est encore peu connu. Dans l’étude, il a été présenté à 36 consommateurs et six acteurs de la restauration collective. « Seules deux à trois personnes le connaissaient, explique Ronan Symoneaux, chargé de recherche en évaluation sensorielle et en sciences du consommateur à l’Esa. Mais quand nous présentons la démarche, la perception est bonne. Toutefois, les consommateurs exigeront de la transparence, de l’objectivité et des contrôles autour de la HVE. » La certification est très vite perçue comme un intermédiaire entre l’agriculture conventionnelle et le bio. Certains les voient même très complémentaires puisque la HVE implique des objectifs sur la biodiversité ou encore la ressource en eau. Quid du prix ? « Les consommateurs pressentent qu’il y aura un positionnement tarifaire plus élevé mais que ce sera moins cher que le bio. Mais attention, ce n’est pas du consentement à payer », avertit Ronan Symoneaux.