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Les betteraviers retrouvent le sourire et se projettent sur les années à venir

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Désherbants non conformes, hausse du prix des engrais, loi Egalim, biocarburants, crédits carbones, marché… la Confédération générale des planteurs de betteraves, CGB, a fait le point, le 1er décembre, sur les sujets d’actualité et d’avenir de la filière, à quelques jours de son assemblée générale.

Les betteraviers retrouvent le sourire et se projettent sur les années à venir
Les betteraviers retrouvent le sourire et se projettent sur les années à venir

Avec des rendements et des cours orientés à la hausse, les producteurs de betteraves retrouvent le sourire. Une semaine avant son assemblée générale, prévue le 9 décembre à Paris, la Confédération générale des planteurs de betteraves, CGB, a diffusé, le 1er décembre, des résultats encourageants. Après une invasion inédite de pucerons en 2020 et la jaunisse virale qui aura détruit un tiers de la récolte, la campagne 2021/22 s’annonce sous de meilleurs auspices avec un rendement proche de la moyenne quinquennale estimé à 87 tonnes par hectare. 403 000 hectares de betteraves ont été récoltés, contre 423 000 l’an passé, engendrant une production de 35 millions de tonnes de betteraves, contre 27,4 Mt un an auparavant. Un bon résultat qui reste toutefois loin de la production record de 46 millions de tonnes de 2017.

L’importance de l’assurance récolte

En effet, l’épisode de gel d’avril a conduit à la perte de 14 % des hectares, qui ont dû être ressemés sur 55 000 ha, sans néonicotinoïdes, occasionnant des pertes de rendement et des hausses des charges pour les planteurs. Pour les représentants de la CGB, cet épisode rappelle l’importance « d’un dispositif d’assurance récolte justement dimensionné avec une franchise abaissée à 20 % dans le cadre de la réforme en cours ». Or, à ce jour, seuls 30 % des producteurs de betteraves disposent d’une assurance.

Adama, indemnisation encore à finaliser

La campagne a également été marquée par deux cas de produits désherbants non conformes mis sur le marché par Adama avec, à la clé, la destruction de 7 000 hectares chez 370 planteurs.  Les problèmes de formulation chez Adama ont également touché des lots d’herbicides betteraves Goltix Duo et Tornado Combi, soit 8 200 ha de betteraves sucrières et fourragères, concernant 770 agriculteurs. « Depuis le mois d’août, la procédure amiable d’indemnisation est en cours avec le versement d’un premier acompte au 30 novembre pour les parcelles détruites, sur la base de la rémunération que les producteurs devaient avoir, indique Pierre Rayé, directeur de la CGB. La procédure reste encore à finaliser. »

Des cours à la hausse

Côté cours, les signaux sont au vert. Ils continuent leur progression, atteignant 450 € la tonne. Cette hausse est notamment due à la réduction de la production brésilienne, à un problème de production en Thaïlande, à la mauvaise saison betteravière européenne mais aussi à la forte hausse du secteur de l’énergie, et des cours de l’éthanol. « Le marché mondial du sucre retrouve des valeurs que l’on n’avait pas vu depuis quatre ans et demi », explique Franck Sanders, président de la CGB. L’alcool et le bioéthanol atteignent quant à eux des records en Europe. Ce qui laisse espérer des prix de betterave en hausse : une urgence après trois ans, de sortie des quotas, en dessous des coûts de production, estime la CGB. D’autant qu’avec la flambée du fuel et des engrais, les charges explosent pour les planteurs.

Engrais, un surcoût de 1,5 euro la tonne

La hausse du prix des engrais représenterait un surcoût de 1,5 euro par tonne de betteraves. « Le surcoût du prix de l’unité d’azote va dépasser les deux euros, précise Franck Sander. Si un agriculteur applique 200 unités d’azote, c’est 400 euros de charge par hectare rien que pour l’azote ! » La CGB soutient la demande de suspension des droits de douane anti-dumping, qui pourrait faire gagner entre 25 et 40 euros la tonne, et réclame que les capacités de stockage de sécurité augmentent.

Quoiqu’il en soit, le contexte du marché pourrait offrir de meilleures perspectives aux planteurs de betteraves. Et ce d’autant que la filière est entrée dans la dynamique des Egalim. L’interprofession de la betterave et du sucre devrait bientôt diffuser des indicateurs de prix de marché, pour améliorer la répartition de la valeur ajoutée dans la filière.

Biocarburant et crédits carbone

Enfin, la CGB a rappelé l’importance du débouché alcool-éthanol pour les betteraves. Le SP95-E10 s’affirme toujours plus comme la première essence vendue et devrait passer la barre symbolique de 50 % de part de marché en 2021. Dans un contexte d’augmentation des prix des carburants, le superéthanol-E85, au prix moyen de 0,70 €/l, continue à séduire les automobilistes et représente désormais 4 % de part de marché des essences. En novembre 2021, plus de 2 600 stations proposent ce carburant soit 29 % des stations-service en France. Sur le plan européen, la filière souhaite que le plafond de 7 % d’incorporation des biocarburants de première génération ne soit plus appliqué par État membre mais qu’il soit mutualisé au niveau des 27, afin de permettre aux pays producteurs d’en incorporer davantage, pour compenser les faibles niveaux d’incorporation d’autres pays européens. Pour la CGB, les biocarburants répondent aux attentes de la société, notamment en matière de réchauffement climatique. Dans ce contexte, elle entend faire bénéficier les producteurs du Label bas-carbone. « Un hectare de betteraves fixe environ 40 tonnes de CO2 par an contre seulement 3 tonnes émises pour sa culture, indique Pierre Rayé. C’est autant que le maïs et un peu plus que certaines grandes cultures. »