Bio, HVE, CEPP… Julien Denormandie fait le point sur les dossiers agricoles
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À six mois des élections présidentielles, Julien Denormandie a fait le point sur plusieurs dossiers agricoles, à l’occasion de la remise des Grands prix de l’Association française du journalisme agricole.
Julien Denormandie a remis les Grands Prix de l’Association française du journalisme agricole aux lauréats 2019 et 2020, le 28 septembre, au ministère de l’Agriculture. A cette occasion, il a répondu aux questions des journalistes, notamment sur la révision en cours du référentiel HVE, alors que plusieurs associations ont dénoncé une certification insuffisante sur le plan environnemental. « Je suis un défenseur de la bio, de l’agriculture de conservation, de la HVE, pose le ministre de l’Agriculture. Après, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire progresser chacune d’elle. Sur la HVE on sait qu’on a des sujets à faire évoluer, notamment la voie B. On a voté des crédits dans le plan Ecophyto de l’année dernière pour lancer la revue, elle est en cours, et on l’aura avant la mise en place de la Pac. »
Le ministre en a profité pour rappeler la différence entre agriculture biologique et HVE dans la future Pac : « Il est faux de dire que la bio et la HVE sont traitées au même niveau pour les éco-régimes. Le premier pilier c’est une conditionnalité, ça veut dire qu’on retient 25 % des paiements de base auxquels vous avez le droit, et on ne les rend que si vous avez atteint un certain nombre de conditions, qui peuvent être la diversification des cultures, les infrastructures agroécologiques, ou la certification. Sur le deuxième pilier, qui est de l’investissement, la seule ligne de pratique culturale, c’est la bio, et on la passe de 250 millions d’euros à 340 millions d’euros. »
« Les CEPP sont un bon dispositif qu’il faut maintenir »
Julien Denormandie a par ailleurs rappelé sa position quant à la diminution du recours aux intrants : « On n’arrête pas si on n’a pas d’alternatives, et ces débats doivent avoir lieu au niveau européen et non à l’échelle nationale. Si c’est pour se retrouver dans des situations comme celle que l’on a vécue avec la jaunisse de la betterave, c’est un non sens. »
Le ministre a enfin fait le point sur les dispositifs permettant la réduction de l’usage des phytosanitaires. « Il y a d’un côté la disjonction vente/conseil et de l’autre les CEPP, et on doit trouver un équilibre entre les deux. Il ne faut surtout pas que la disjonction vente/conseil mette en cause la pertinence des CEPP, et la difficulté, c’est qu’on n’a pas encore de recul sur cette séparation. Intuitivement c’est quelque chose de bien, mais qui nécessite d’être vigilant quant à la mise en œuvre. A mon avis, les CEPP sont un bon dispositif qu’il faut maintenir. »
Le mot d’ordre de la présidence française de l’UE : la réciprocité
Julien Denormandie a martelé ses priorités pour la présidence française de l’UE, qui démarre au 1er janvier 2022 : « la réciprocité, la réciprocité et la réciprocité ! » La lutte pour les clauses miroirs, contre la concurrence entre l’UE et les Etats tiers, mais aussi entre les Etats membres apparaît comme un enjeu stratégique pour la France, alors que le recours aux PSN risque de renationaliser les critères d’attribution de la Pac. « Je me bats pour que les PSN soient présentés au conseil des ministres de l’UE, et pas uniquement portés par les Etats membres et la Commission européenne », assure ainsi le ministre. Autre victoire remportée par la France dans la future Pac : le conditionnement des aides au droit du travail européen. « Nous avons organisé nos sphères d’influence entre l’État et les parlementaires, et sur les pays qui ont de l’influence au sein du conseil, nous étions quasiment les seuls à porter cela. »
Le ministre a rappelé que le calendrier de la présidence française de l’UE entrera en conflit avec les élections présidentielles, rendant l’établissement d’une feuille de route pour tout le semestre compliqué. « La présidence UE se travaille dès maintenant, mais il y a un point que je n’ai pas encore réussi à obtenir, c’est que le rapport sur le Green deal que la Commission européenne, le Conseil et le Parlement européens se sont engagés à faire soit rendu dès le premier trimestre. » Le rapport en question est censé être remis avant fin juin 2022. « Mais si ça se trouve, on se revoit après », sourit Julien Denormandie.