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Engrais et protéines végétales, les mesures agricoles du Plan de résilience

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Pour faire face aux conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine, le Gouvernement a présenté, le 16 mars, un plan de résilience. Plusieurs mesures concernent le secteur agricole, et plus spécifiquement l’approvisionnement en engrais, la production de protéines végétales ou l’alimentation animale. Ces annonces ont été accueillies de manière plus ou moins favorable au sein du secteur agricole.

Engrais et protéines végétales, les mesures agricoles du Plan de résilience
Engrais et protéines végétales, les mesures agricoles du Plan de résilience

Les annonces étaient très attendues par l’ensemble des secteurs d’activité. Comme l’avait indiqué Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée du 2 mars, un « plan de résilience », pour faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine, a été présenté le 16 mars par le Gouvernement. Rappelant qu’il n’y avait « pas de risque de pénurie en France », le ministre de l’Agriculture a néanmoins souligné l’existence de « plusieurs défis qui imposent des réponses fortes », à savoir : l’augmentation des prix de l’énergie et donc de celui des engrais, des cours mondiaux des céréales, et du coût de l’alimentation animale.

Mise en place d’un plan souveraineté azote

Pour répondre à ces défis, une petite dizaine de mesures a été annoncée. En ce qui concerne les engrais, dont la disponibilité et l’envolée des prix concentrent les inquiétudes, le Gouvernement annonce « un plan de sécurisation pour la campagne d’automne 2022 ». Celui-ci se décline en trois axes : la mise en place d’un groupe de travail de sécurisation des matières premières importées et de la production d’engrais en France, l’adaptation ou le report de mesures réglementaires pouvant impacter la disponibilité des engrais cette année, le développement de l’usage des engrais organiques. Pour être moins dépendants des importations de pays tiers, le plan de résilience prévoit la mise en œuvre d’un « plan souveraineté azote », pour favoriser la production d’engrais vert et le développement de filières de valorisation d’engrais organiques.

Denormandie soutient la production de protéines sur les jachères

Cheval de bataille de Julien Denormandie, la souveraineté agricole et alimentaire est au cœur de plusieurs mesures. Le Plan protéines devrait être « renforcé » selon Julien Denormandie, qui soutient également la valorisation des jachères. « J’ai portée [ce sujet] au niveau européen avec d’autres Etats membres, [il] devrait connaitre une issue favorable ». Des plans de souveraineté dans les domaines de l’énergie et des fruits et légumes sont également dans les tuyaux. Enfin, de nouvelles négociations commerciales devraient être ouvertes, pour tenir compte du nouveau contexte.

Par ailleurs, pour soutenir les éleveurs face à la hausse des coûts de l’alimentation animale, une enveloppe de 400 M€ a été débloquée. L’aide, qui vise les élevages fortement dépendants d’achats d’aliments, sera disponible pendant quatre mois à partir du 15 mars. Des réunions avec les représentants de la filière sont prévues pour préciser les contours du dispositif.

Des mesures sur le carburant et le gaz

Les autres mesures annoncées concernent la remise sur les carburants de 15 centimes pour le gasoil non routier des agriculteurs, le remboursement anticipé de la TICPE* de 2021, l’éligibilité des entreprises agricoles et agroalimentaires à l’aide aux entreprises consommatrices de gaz et d’électricité, l’abondement de 60 M€ de l’enveloppe de prise en charge des cotisations sociales

Réactions mitigées au sein du secteur agricole

Ces annonces ont été accueillies plutôt favorablement par Dominique Chargé, président de La coopération agricole. Dans un communiqué, il salue notamment « l’attention portée aux filières d’élevage, à la prise en charge partielle des surcoûts du gaz et de l’électricité et à la prise en compte des problèmes de trésorerie » tout comme « la volonté de rouvrir les négociations commerciales », ce qui était souhaité par LCA. « Nous veillerons bien sûr aux modalités de mise en œuvre de ces mesures, en coordination avec le Gouvernement », souligne-t-il néanmoins. De son côté, la FNSEA est un peu plus mesurée. Si ces annonces sont, pour le syndicat, « un premier pas indispensable pour continuer à produire », elles restent insuffisantes, selon lui, sur « la compensation des augmentations du coût du carburant [en période de reprise des travaux extérieurs] ». La FNSEA se félicite néanmoins « des propositions consistant à redonner une place stratégique à l’enjeu de la souveraineté alimentaire ».

Pour la Coordination rurale, au contraire, le compte n’y est pas. Le syndicat dénonce « un plan déconnecté des enjeux agricoles ». sur la question du gaz, « les mesurettes annoncées ne répondent pas à la situation d’urgence, et ne couvrent pas les besoins énergétiques immédiats nécessaires pour continuer l’activité de production. C’est à se demander si le Gouvernement a réellement pris la mesure de l’impact de la guerre en Ukraine sur l’agriculture française ! » fustige la Coordination rurale, qui liste une série de propositions dans un plan d’action.

*Taxe intérieur de consommation sur les produits énergétiques