Planification écologique, le Gouvernement sollicite les comités de bassin
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La secrétaire d’État à l’Écologie, Bérangère Couillard, a échangé le 9 novembre avec les sept présidents des comités de bassin français. Ces derniers vont être mis à contribution pour formuler des propositions d’ici à la fin de l’année, en amont d’une communication plus détaillée de la Première ministre sur la planification écologique, début 2023. Les enjeux du stockage de l’eau et de la réutilisation des eaux usées traitées ont notamment rythmé les échanges.
Un peu plus d’un mois après le lancement du chantier de la planification écologique dédié à l’eau, la secrétaire d’État en chargé de l’écologie, Bérangère Couillard, s’est entretenue avec les sept présidents de comités de bassin, lors d’une réunion qualifiée « d’inédite », le 9 novembre. Ces derniers ont été saisis mi-octobre par le Gouvernement pour contribuer à ce chantier, avec le soutien des agences de l’eau. « Une réflexion est à engager avant la fin de l’année pour aboutir à des propositions qui viendront alimenter cette planification, nous attendons les remontées du terrain, a indiqué à la presse, à l’issue de cette rencontre, la secrétaire d’État. La Première ministre, qui a fait de l’eau et des forêts les chantiers prioritaires de cette démarche, prévoit des annonces plus détaillées sur le déploiement de cette planification en début d’année prochaine. » Selon Bérangère Couillard, des financements spécifiques seront « obligatoirement » mobilisés pour le chantier de l’eau.
Des « discussions nourries » sur l’enjeu du stockage
Sujet incontournable du moment, le sujet du stockage de l’eau a rythmé les échanges des présidents des comités de bassin et de la secrétaire d’État. « Nous avons abordé cet enjeu parmi d’autres, nuance Bérangère Couillard, qui évoque néanmoins des « discussions nourries ». Ces projets doivent être regardés avec attention et s’ils sont mis en œuvre, cela doit se faire dans le cadre d’un PTGE, avec des critères exigeants à respecter. » De leur côté, les présidents des comités de bassin insistent sur leur volonté de travail collectif et leur crainte du déclenchement d’une « guerre de l’eau ». « C’est une erreur de penser que le stockage de l’eau ne bénéficie qu’aux agriculteurs, estime ainsi Thierry Burlot, à la tête du comité de bassin Loire-Bretagne. Nous devons aussi penser à l’eau potable, la biodiversité, inscrire cet enjeu dans un schéma global. » De son côté, Alain Rousset, président du comité de bassin Adour-Garonne, évoque l’idée d’une nationalisation des réserves d’eau, et insiste sur le « virage technologique » à opérer en termes de technique d’irrigation.
Rattraper le retard sur le traitement et la réutilisation des eaux usées
Alors que le décret concernant le déploiement d’expérimentations de réutilisation d’eaux usées traitées (REUT) dans le secteur agricole se fait toujours attendre, Alain Rousset rappelle les fortes attentes du secteur en la matière. « Si on ne règle pas cet enjeu, les agriculteurs seront obligés demain de fermer leurs exploitations », pose-t-il. Selon le président du comité de bassin Adour-Garonne, des appels à manifestations d’intérêt ont ainsi été lancés en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine pour définir les bonnes conditions de récupération de l’eau, inventer les technologies pour la filtrer et la mettre à disposition des agriculteurs. « Les scientifiques alertent sur le fait qu’il pleuvra moins, à l’avenir, au sud de la Loire, alors que certaines rivières ne coulent l’été qu’avec le rejet des stations d’épuration. Nous devons apprendre à épurer cette eau, nous avons beaucoup de retard sur le rejet », regrette Alain Rousset.
Les comités de bassin satisfaits de l’écoute du Gouvernement
Les représentants des comités de bassins ont enfin insisté sur la question des financements. « On nous prélève 400 M€/an pour financer notamment l’Office français de la biodiversité, OFB ; en ce qui concerne le bassin Rhône-Méditerranée, cela représente 100 M€/an, déplore Martial Saddier, le président du comité de bassin. Nous devons trouver une nouvelle forme de financement de la biodiversité, celui-ci ne peut pas se faire sur le dos du financement de la politique de l’eau. » Les représentants des bassins se félicitent néanmoins de l’écoute du Gouvernement sur ces enjeux. « Cela fait dix ans qu’on ne nous a pas autant parlé, souligne Martial Saddier. Nous sommes dans les radars et notre message est entendu. Nous attendons maintenant de voir la concrétisation de ces engagements. »