Présidentielles, les candidats présentent leurs positions sur le sujet agricole
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Rémunération, bio, pesticides, Europe, bien-être animal… les candidats à l’élection présidentielle ou leurs représentants ont précisé leurs positions sur les enjeux agricoles lors de l’événement Controverses, organisé le 15 février. Les prises de position sont variées.
À deux mois des élections présidentielles, les candidats ou leurs représentants ont été invités à détailler leur position sur l’agriculture dans le cadre de l’événement « #Controverses 2022 : Les engagements des candidats à l’élection présidentielle pour la Ferme France », le 15 février. Chacun disposait d’un temps de parole de quinze minutes pour revenir sur certains points de leur programme agricole. De nombreuses thématiques ont été abordées, même si certaines sont revenues régulièrement, avec des avis parfois très divergents.
Bio et lutte contre les pesticides, cheval de bataille des candidats de gauche…
Les candidats à la gauche de l’échiquier ont été les plus loquaces sur les sujets environnementaux. Anne Hidalgo, candidate PS représentée par le député Dominique Potier, axe son programme agricole autour de la « transition agroécologique ». Elle souhaite atteindre 30 % de surfaces cultivées en bio d’ici à 2030, auxquelles s’ajouteront 30 % de surfaces cultivées suivant d’autres pratiques agroécologiques, montant à deux tiers d’agriculture durable. Objectif : « faire de l’écologie et la biodiversité le combat du siècle », précise Dominique Potier. La candidate PS se donne par ailleurs cent jours pour sortir du glyphosate. Le député Loïc Prud’homme, représentant de Jean-Luc Mélenchon, candidat pour la France Insoumise, est encore plus ambitieux. Il propose « une sortie immédiate du glyphosate et des néonicotinoïdes ».
Même combat pour Benoît Biteau, député européen représentant le candidat EELV, Yannick Jadot. Il souhaite voir se développer les pratiques telles que « l’agroforesterie, le mélange d’espèces, la ressource énergétique complémentaire ». Il aimerait que les produits bios deviennent les plus accessibles, en appliquant le principe « pollueur payeur », les produits qui polluent devenant ainsi les plus chers.
… à l’opposé des ambitions de la droite de l’échiquier
À droite, Pascal Coste, président de la Corrèze, référent agriculture-ruralité de la candidate Les Républicains Valérie Pécresse, a aussi abordé le sujet des pesticides, mais de manière opposée. Il se dit contre le « zéro engrais, zéro phyto ». Selon lui, il faut aligner la France avec les normes européennes. Un avis partagé par Jean-Frédéric Poisson, député représentant Éric Zemmour pour Reconquête, pour qui cela est nécessaire « afin de conserver notre capacité à produire et rester compétitifs ». Cela doit, selon lui, permettre de répondre aux enjeux démographiques à venir : « la mission première de l’agriculture est de nourrir la population française, ensuite, répondre à certains impératifs écologiques, d’aménagement du territoire. »
La rémunération des agriculteurs au cœur de nombreux programmes
La santé économique du secteur agricole a également été largement évoquée. Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, présent au nom d’Emmanuel Macron pour la République en Marche, est revenu sur l’avancée représentée par les deux lois Egalim en matière de rémunération des agriculteurs. « La loi Egalim 2 vise à la fois à rassurer le consommateur, qui sait que son argent va bien à l’agriculteur, ainsi qu’à assurer le juste revenu des agriculteurs. »
Nicolas Dupont-Aignan, présent en personne pour Debout la France, a alerté, pour sa part, sur la mondialisation et les accords de libre-échange : « Rester dans un système avec des rapports déloyaux, c’est mettre en péril notre agriculture. » Selon lui, « il est impossible pour les agriculteurs d’avoir des pratiques respectueuses de l’environnement, de se dégager un revenu et d’être compétitif face à des brésiliens et des polonais ». La solution qu’il propose est un ensemble de mesures protectionnistes, telles que le retour à des quotas laitiers. Cet avis est partagé par Gilles Lebreton, député européen, représentant de Marine Le Pen pour le Rassemblement National. Dans le cadre de sa fonction, il s’oppose fermement aux accords de libre-échange entre l’Europe et la Nouvelle-Zélande ou l’Australie, qu’il estime dangereux pour l’agriculture française.
Malgré des positions divergentes, la grande majorité des candidats s’est néanmoins entendue sur l’importance des clauses miroirs pour protéger les agriculteurs.
Le positionnement vis-à-vis de l’Europe et des politiques européennes diverge
Alors que la France est actuellement à la tête de la présidence tournante de l’UE, le sujet de l’Europe a également rythmé les interventions. La stratégie Farm to Fork, notamment, a été saluée par Julien Denormandie alors que Gilles Lebreton se dit « inquiet » vis-à-vis de celle-ci. L’objectif de 25 % de produits bio sur le marché européen d’ici à 2030 lui paraît trop ambitieux.
Le Green Deal a aussi été abordé, notamment dans le programme de Valérie Pécresse, qui regrette « une baisse de 12 % de la production et de 16 % du revenu ».