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Bien-être des porcs, le débat se cristallise autour du prix

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En posant la question de si le bien-être animal pouvait être un outil de segmentation du marché en porc, la conférence organisée au Space le 16 septembre sur le sujet a montré rapidement les clivages entre les parties prenantes autour de la question du paiement de la transition de l’élevage.

Bien-être des porcs, le débat se cristallise autour du prix
Bien-être des porcs, le débat se cristallise autour du prix

Le bien-être animal était le thème principal du Salon des productions animales, Space, qui s’est tenu du 14 au 17 septembre à Rennes. Lors d’un colloque le 16 septembre sur l’élevage des porcs, le débat s’est très vite cristallisé autour de la note à payer. Pour les associations environnementales et le groupe Carrefour, la tendance est inéluctable. « Ce critère gagne tous les ans des points dans les demandes des consommateurs », insiste Ghislain Zuccolo, directeur général de Welfarm. Séverine Fontaine, directrice qualité filière animale pour Carrefour, renchérit : « Certains pays européens du nord poussent la Commission européenne à légiférer. Nous savons que nous allons y arriver. »

Le porc, ce n’est pas du poulet

Mais, la transition des élevages ne se fait pas du jour au lendemain. « Une bonne partie du bien-être animal en production porcine concerne les conditions de logement qui nécessitent des investissements structurels sur dix à quinze ans », rappelle Thierry Marchal, président du groupe technique porc des chambres d’agriculture de Bretagne. La Cooperl, qui a fait du bien-être animal un axe de développement stratégique, insiste également sur le pas de temps long. « Nous travaillons sur l’arrêt de la castration depuis les années 2010, explique Mickaël Benoit, administrateur à la Cooperl. Cela a nécessité un investissement de notre part de deux millions d’euros. Le porc, ce n’est pas du poulet : les éleveurs ont besoin de connaître en avance les besoins en investissement dans les différentes phases physiologiques de développement de l’animal. »

Le débat se cristallise très vite autour du paiement de cette transition. Carrefour maintient sa position : tout ne pourra pas passer par le prix. « Nous le savons, le consommateur est prêt à payer un tout petit peu plus cher, et pas encore sur le bien-être animal, reconnaît Séverine Fontaine. Nous ne pourrons pas passer du simple au double dans le prix. Nous espérons des financements publics de la France et de l’Europe. »

Les aides publiques ne suffiront pas

Les positions se clivent alors. Car, pour Thierry Marchal, le consommateur doit mettre la main au portefeuille. « Les aides publiques sont trop fragiles pour être le seul levier, indique-t-il. Si les consommateurs sont seulement exigeants sans vouloir payer, ce ne sera pas possible. » Un point de vue partagé par Stéphane Jamet, directeur de l’activité porc de Le Gouessant : « Le problème est que le consommateur veut une chose mais achète un autre produit qui ne correspond pas à l’agriculture française. »

Une voie de valorisation entre le bio et le conventionnel

L’association Welfarm voit dans le bien-être animal une possible voie de valorisation entre l’agriculture conventionnelle et biologique. La différenciation sera alors nécessaire pour rémunérer les efforts fournis par le monde agricole auprès des consommateurs favorables à mettre quelques euros de plus pour le bien-être animal. Avec le Lit Ouesterel, Carrefour travaille à un étiquetage. « Ce sera un outil indispensable de réassurance du consommateur », explique Séverine Fontaine.