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Bon diagnostic carbone, 25 % des exploitants souhaitent poursuivre dans une démarche Label bas carbone

Le | Projets-territoriaux

Deux ans après le lancement du dispositif, un quart des exploitants ayant bénéficié de la mesure « bon diagnostic carbone » indique vouloir se lancer dans le label bas carbone. C’est ce que révèle un rapport de l’Ademe, en date de février 2024, qui tire le bilan du déploiement de cette démarche. Si le document met en avant plusieurs freins encore à lever (incertitudes sur le marché du carbone, manque de temps chez les conseillers, etc), il souligne néanmoins la manière dont la mesure a permis d’intégrer l’enjeu carbone aux stratégies des structures de conseil et dans les exploitations.

Bon diagnostic carbone, 25 % des exploitants souhaitent poursuivre dans une démarche Label bas carbone
Bon diagnostic carbone, 25 % des exploitants souhaitent poursuivre dans une démarche Label bas carbone

Dans le cadre du plan de relance, une enveloppe de 10 M€ était prévue pour financer la réalisation de diagnostic carbone chez les agriculteurs installés depuis moins de cinq ans sur la période 2021-2023. « Sur les 5139 diagnostics visés, 3401 ont été effectués, soit une réalisation à hauteur de 72 % », indique l’Ademe, pilote de la démarche, dans un rapport mis en ligne sur son site, en date de février 2024, faisant le bilan du déploiement du dispositif « bon diagnostic carbone », BDC. Le document s’appuie sur les rapports de 38 structures de conseil. Ces derniers informent que les leviers les plus mobilisés par les agriculteurs dans leur plan d’action, pour réduire leur empreinte carbone, sont la fertilisation azotée, la couverture du sol, la réduction de la consommation de combustibles fossiles et la gestion du troupeau.

Des impacts économiques différents en fonction des filières

Sur le volet économique, 65 % des diagnostics débouchent sur des plans d’action générant du  revenu. Mais ce chiffre cache des situations très nuancées. « Le bilan économique est plutôt positif pour les exploitations bovines et la polyculture, contrairement aux grandes cultures et à la viticulture, note l’Ademe. Cela s’explique par l’impact des leviers choisis : essentiellement de l’optimisation pour l’élevage, tandis que les grandes cultures subissent des effets sur les rendements et les débouchés, tout en y ajoutant des investissements. » Les conseillers mobilisés insistent cependant sur « la fragilité des résultats de l’évaluation économique ».

Des incertitudes encore bien présentes sur le marché du carbone

Par ailleurs, le marché du carbone est encore source d’incertitudes. C’est d’ailleurs l’un des freins majeurs évoqués dans les rapports des structures de conseil, notamment celui de la coopérative Bonneval, cité par l’Ademe : « Les agriculteurs céréaliers ne veulent pas réaliser de diagnostics tant qu’ils ne savent pas à qui et comment vendre les crédits carbone. » Même son de cloche du côté du CERFrance Pays de la Loire, qui explique que « pour les plus jeunes installés, l’incertitude sur le niveau de rémunération représente un frein important ». Les crédits carbone semblent ainsi largement considérés davantage comme un bonus plutôt que comme une réelle voie de financement du changement de pratiques. De fait, seuls 8 % des exploitations intègrent les crédits carbone dans le produit généré par l’activité, alors qu’ils sont 25 % à indiquer vouloir intégrer un projet Label bas carbone.

Si le label est mentionné dans 70 % des rapports comme « la voie principale pour mettre en place des plans d’action », le prix jugé encore insuffisant de la tonne de carbone et la lourdeur des procédures administratives, poussent certains à regarder du côté des primes filières ou de dispositif comme la MAEC bas carbone. Ces dernières sont considérées comme « des dispositifs moins coûteux en temps et plus faciles à mettre en œuvre auprès des producteurs », assure la coopérative Val de Gascogne, dans son rapport. 61 % des structures souhaitent néanmoins poursuivre la réalisation de diagnostic GES approfondis.

Des recrutements de conseillers difficiles

Côté structures de conseil, le dispositif des bons diagnostic carbone a permis la formation de 701 conseillers, dont 490 ont effectivement réalisé des diagnostics. Le recrutement de ces derniers n’a cependant pas été chose aisée. « Le turn-over a affecté 30 % des conseillers formés pendant le dispositif, souligne l’Ademe. Véritable cheville ouvrière du diagnostic, le métier de conseiller reste en sous-effectif et en manque de formation, ce qu’a pu en partie combler le BDC. (…) Dans les cas où les BDC s’ajoutent aux tâches déjà existantes, les conseillers doivent composer avec des emplois du temps contraints et une diversité de missions, ce qui limite la réalisation optimale de certaines étapes du diagnostic. Dans d’autres cas, au-delà de la sensibilisation des agriculteurs, le dispositif a permis de « convaincre en interne » et d’impulser davantage de transversalité dans les équipes ».

En effet, l’Ademe insiste sur le fait que le BDC a permis de faire progresser l’engagement des structures de conseil, et des agriculteurs, qui ont apprécié de pouvoir se comparer aux autres agriculteurs d’un territoire, et de mieux connaître les postes d’émissions de leur ferme, sur la thématique du carbone. « Bien que le manque d’outils disponibles et de méthodes validées LBC pour certaines filières ait pu freiner le démarrage du dispositif, celui-ci a permis le développement de méthodes et la formation de conseillers sur ces thématiques complexes et transversales. »