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Boues de station d’épuration, le secteur agricole réclame de la transparence

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Le secteur agricole avance prudemment dans la réutilisation des boues de station d’épuration. Elle réclame de la transparence et une hygiénisation parfaite avant l’épandage sur les terres agricoles. Le sujet a été débattu lors du Carrefour des gestions locales de l’eau le 6 mai.

Boues de station d’épuration, le secteur agricole réclame de la transparence
Boues de station d’épuration, le secteur agricole réclame de la transparence

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Boues de station d’épuration, le secteur agricole réclame de la transparence - © D.R.
Boues de station d’épuration, le secteur agricole réclame de la transparence - © D.R.

Luc Servant, vice-président des chambres d’agriculture et président de la Chambre régionale de Nouvelle-Aquitaine.[/caption]

La réutilisation des boues de stations d’épuration suscite le débat entre le monde agricole, les collectivités et les consommateurs. Le sujet a été abordé le 6 mai 2021 lors du Carrefour des gestions locales de l’eau, organisé par la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E) et le Cercle français de l’eau.

Une crainte vis-à-vis de la réaction des citoyens

« Il y a une crainte du monde agricole vis-à-vis de l’usage de ces boues, explique Luc Servant, vice-président des chambres d’agriculture et président de la Chambre régionale de Nouvelle-Aquitaine. Certains contrats de production interdisent l’usage de ces boues ! » Il évoque également le problème d’acceptabilité par le citoyen. « Le consommateur peut être surpris s’il découvre ces pratiques », insiste-t-il. Le monde agricole avance donc avec prudence sur le sujet. Un fonds de garantie avait été créé en 2009 pour indemniser les préjudices subis par les exploitants agricoles dans les cas où les terres ayant reçu des épandages de boues d’épuration, deviendraient totalement ou partiellement impropres à la culture en raison d’un risque sanitaire ou de la survenance d’un dommage écologique. « Il n’y a jamais eu d’accidents, reconnait Luc Servant. Nous sommes intéressés par ces produits mais nous réclamons un suivi et de la transparence. »

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Boues de station d’épuration, le secteur agricole réclame de la transparence - © D.R.
Boues de station d’épuration, le secteur agricole réclame de la transparence - © D.R.

Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce.[/caption]

Une écocontribution sur les polluants

Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce, une association de collectivités « engagées dans la transition agroécologique, réclame davantage de rationalité sur le sujet. Il souhaite encadrer le risque sanitaire et toxicologique et prône la mise en place d’observatoire de la qualité des sols. « Nous ne devons pas nous voiler la face et adopter une stratégie sur les polluants existants, à commencer par le plastique », explique-t-il. Nicolas Garnier milite pour la création d’une écocontribution sur les polluants existants afin de mieux les connaître et gérer les risques. Les fonds seraient gérés par les Agences de l’eau.

Tout en s’insurgeant contre la diabolisation des boues de stations d’épuration, Frédéric Van Heems, président de la FP2E, admet que « nous nous en sortirons avec davantage de transparence sur les normes et les procédés d’hygiénisation des boues. ». Les acteurs s’accordent également sur les investissements nécessaires dans les stations d’épuration pour garantir la traçabilité et l’hygiénisation de ces matières fertilisantes.

Frein depuis la Covid-19

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Boues de station d’épuration, le secteur agricole réclame de la transparence - © D.R.
Boues de station d’épuration, le secteur agricole réclame de la transparence - © D.R.

Christine Morin, directrice assainissement à la Communauté de communes de Vichy.[/caption]

Ce type d’investissement a été réalisé par la Communauté de communes de Vichy. Elle épand les boues de station d’épuration sur 2300 hectares avec plus de vingt agriculteurs. La Communauté  de communes propose un service clé en main. « Nous gérons l’intégralité de l’épandage : transport, analyse, bilan et suivi agronomique, conseil, etc, explique Christine Morin, directrice assainissement à la Communauté de communes de Vichy. Les agriculteurs sont satisfaits à plus de 90 %. »  Toutefois, la crise de la Covid-19 a ralenti l’activité. L’Agence nationale de sécurité sanitaire, Anses, a bloqué une partie de la réutilisation des boues, du fait de potentielles contaminations par le virus telle qu’elle l’a formulé dans un avis rendu le 2 avril 2020. Le dispositif a depuis été assoupli mais les collectivités sont confrontées à la problématique du stockage de ces boues. « Nous attendons la levée des mesures », indique Christine Morin. Une fois les problèmes levés, l’utilisation des boues de station d’épuration pourraient être un parfait exemple d’économie circulaire et de collaboration entre la ville et la campagne.