CarbonThink revoit à la hausse ses prévisions de stockage de carbone
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Deux mois après avoir présenté de premiers résultats, le projet CarbonThink affiche des références de stockage de carbone revues à la hausse, en grandes cultures : 3 tonnes de CO2 par hectare et par an. Des analyses approfondies doivent néanmoins être menées pour consolider ces résultats. La fertilisation est quant à elle identifiée comme un point de vigilance, compte tenu de son poids dans les bilans carbone des exploitations.
Lancé fin 2019 pour trois ans, le projet CarbonThink est dans sa dernière ligne droite. Objectif : mieux appréhender le potentiel de stockage carbone, et donc de rétribution des agriculteurs, dans les exploitations en grandes cultures. Selon des résultats mis en avant le 12 mai, les premières références, calculés à partir de 35 bilans carbone, tablent sur le stockage de 3 tonnes de CO2 par hectare et par an. Des chiffres encourageants et six fois plus élévés que ceux présentés fin mars, découlant de dix diagnostics initiaux, et qui prévoyaient plutôt un stockage moyen de 0,5 tonne par hectare et par an.
Indéniablement, ces résultats doivent être approfondis et complétés, pour être plus solides. L’ambition affichée est de renforcer ces références grâce à l’analyse de 100 à 200 fermes de grandes cultures : 75 fermes aux diagnostics financés en propre par CarbonThink et 130, si elles acceptent de rejoindre la dynamique, aux diagnostics financés par l’Ademe via les bons diagnostics carbone, précise Terrasolis, qui porte le projet avec Agrosolutions, I4CE, Inrae et planet A. De nombreux acteurs de la distribution agricole, implantés dans le Grand Est, participent à cet effort : Vivescia, Cérésia, Soufflet, Scara, Groupe Cal, Groupe CAC, EMC2.
Pas de corrélations simples entre les pratiques et les bilans carbone
Le profil des exploitations composant ce premier échantillon est divers, bien que majoritairement implantées en Champagne-Ardenne. Une proportion non négligeable a néanmoins déjà fait évoluer ses pratiques. Ainsi, la moitié des fermes cultive des légumineuses (6 % des hectares totaux), un tiers des surfaces sont cultivées en intercultures (3,8 d’espèces semées en moyenne par exploitation), et plus de trois fermes sur quatre épandent des amendements organiques. Les porteurs du projet CarbonThink préviennent néanmoins : aucune corrélation simple n’a pu être faite entre un type de ferme, une pratique ou un type de sol et le résultat du bilan carbone. « Les résultats s’expliquent sur chaque exploitation par une combinaison de pratiques » est-il précisé. Prochaine étape : « collecter et analyser les simulations et évaluations économiques, pour arriver au potentiel en crédits carbone et au coût de la transition », mais aussi « vérifier si les conditions de rémunération pour les fermes souhaitant valoriser leurs pratiques bas-carbone sont à la hauteur des efforts réalisés par les agriculteurs ».
Attention à l’azote
Un point de vigilance est néanmoins d’ores et déjà souligné, en ce qui concerne la fertilisation. En effet, l’azote, d’origine minérale et organique, est à l’origine de 85 % des gaz à effet de serre, dont deux tiers au champ. « La fertilisation organique mérite une attention particulière », note ainsi Terrasolis, qualifiant ce poste carbone « d’à double tranchant ».