Climate agriculture alliance veut représenter 90 % des crédits carbone agricoles émis
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Les neuf membres de la Climate agriculture alliance, « proto-interprofession » d’acteurs de la finance carbone, ont officiellement lancé leur initiative le 25 mai. L’occasion de présenter leur outil censé permettre d’éviter le double comptage des tonnes carbone stockées, et d’évoquer des discussions en cours avec de gros acteurs du secteur.
L’initiative avait été annoncée début mai. La Climate agriculture alliance, qui réunit neuf organisations* de la finance carbone, a officiellement été lancé, le 25 mai. « Est-ce que nous sommes une énième réunion de start-up ? Non ! assure Mathieu Toulemonde, fondateur de l’entreprise TerraTerre et secrétaire général de l’alliance. Nous sommes actuellement en discussion avec de gros protagoniste du secteur, comme France Carbon Agri Association, InVivo et des acteurs européens. L’objectif est vraiment de s’étendre. » Ces éventuels partenariats pourraient faire l’objet d’annonces dans les prochaines semaines, est-il précisé. À terme, l’initiative souhaiterait représenter 90 % des crédits carbone émis par les agriculteurs. « Nous sommes un embryon d’interprofession aujourd’hui, explique Anaël Bibard, président de l’association, également à la tête de Farmleap. Nous appelons tous ceux qui sont actifs sur les crédits carbone, et qui ont besoin de sécuriser leur action, à nous rejoindre. »
Lancement de l’outil FarmVault
La priorité identifiée par l’alliance est en effet d’éviter le double comptage des tonnes de carbone séquestré. Pour cela, un outil a été développé et présenté ce jour : FarmVault. Celui-ci permet de voir, en rentrant le numéro Siret d’un agriculteur, si celui-ci est déjà engagé dans un programme de compensation carbone, et pour quelle période. L’alliance a travaillé avec l’entreprise Advens pour assurer le cryptage des données. L’outil sera mis à la disposition des membres de l’alliance, mais pas uniquement. « L’objectif n’est pas de créer un modèle économique mais un outil au service de tous », indique Anaël Bibard, qui admet néanmoins que l’alliance aura besoin de soutiens financiers.
Atteindre 100 000 agriculteurs engagés
Si cet outil concentre pour l’heure les efforts des membres de l’alliance, ces derniers se sont fixés des ambitions plus globales. « Plusieurs défis se posent au carbone agricole, notamment la stabilité, pour ne pas créer une bulle financière, et la question de la valeur pour les agriculteurs, pour assurer que celle-ci finance la transition, liste Anaël Bibard. Cette proto-interprofession n’a pas vocation à résoudre tous les problèmes. Déjà, car l’alliance n’inclut pas, pour l’heure, les acteurs rédigeant les méthodes du label bas-carbone. Pour commencer, nous voulons nous assurer que les crédits carbone financés ont un impact. »
En se structurant pour parler d’une seule voix et fiabiliser le secteur de la finance carbone, l’alliance espère attirer d’autres structures, mais aussi faire exploser le nombre d’agriculteurs engagés. Selon les chiffres avancés par l’alliance, près de 6000 agriculteurs le sont actuellement, soit 2 % des exploitants. « Notre objectif pour 2030 est que tous les agriculteurs arrêtent de déstocker du carbone, et que 100 000 d’entre eux soient mobilisés pour en stocker », conclut Anaël Bibard.
* Farmleap, Gaïago, TerraTerre, Soil Capital, Carbone Farmers, MyEasyFarm, Genesis, Rize, Sysfarm