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La France augmente ses capacités de recyclage des plastiques agricoles usagés

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La situation internationale sur la récupération des déchets plastiques et les besoins de réduire les coûts du transport ont accéléré les investissements dans les unités de recyclages des plastiques agricoles usagés. Cinq unités, soutenues par Adivalor, vont voir le jour d’ici à la fin 2023.

La France augmente ses capacités de recyclage des plastiques agricoles usagés
La France augmente ses capacités de recyclage des plastiques agricoles usagés

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La France augmente ses capacités de recyclage des plastiques agricoles usagés - © D.R.
La France augmente ses capacités de recyclage des plastiques agricoles usagés - © D.R.

Les usines vont permettre d’augmenter les capacités de recyclage de plus de 40 000 tonnes.[/caption]

« Nous recyclons désormais près de 90 % de ce qui nous collectons », a indiqué Pierre de Lépinau, directeur d’Adivalor, à l’occasion des vingt ans de l’association, le 26 janvier à Combrée, dans le Maine-et-Loire. Pourtant, les dernières années ont été éprouvantes pour la filière. Avec la fermeture de la Chine aux déchets plastiques usagés, le prix de cette matière a fortement chuté et les plastiques agricoles, plus sales que les autres, ont eu du mal à trouver preneur. Pour passer ce moment difficile, l’éco-contribution, payée par les metteurs en marché, a augmenté de 30 à 60 % par kilogramme de produits entre 2018 et 2020. Elle représente actuellement 80 % du budget d’Adivalor, le reste étant lié à la valorisation du plastique recyclé.

Capacité supplémentaire de 40 000 tonnes

Actuellement, 60 % des déchets plastiques agricoles sont recyclés en France, le reste étant réalisé en dehors de l’Hexagone. « La situation internationale sur les plastiques, mais également les besoins de réduire les coûts du transport, nous a fait prendre conscience de la nécessité d’accélérer les investissements en France et en Europe dans des unités de recyclage des plastiques agricoles usagés », poursuit Pierre de Lépinau. Adivalor a ainsi encouragé la création de cinq usines d’ici à la fin 2023. « Elles vont permettre d’augmenter les capacités de recyclage de plus de 40 000 tonnes, ajoute-t-il. Nous leur apportons la garantie d’approvisionnement. »

Une unité aux Pays-Bas et quatre en France

La première est opérationnelle depuis décembre 2021. Située au Pays-Bas à Maastricht, à 30 kilomètres de la frontière, elle collectera les ficelles agricoles usagées de la région Est de la France. « La France a une réglementation beaucoup plus stricte que ces voisins européens sur les installations classées, ce qui peut décourager certains projets, indique Pierre de Lépinau. Pour cette usine aux Pays-Bas, il aura fallu seulement un an pour monter le dossier, contre trois ans environ en France. »

Les quatre autres unités se situeront toutefois en France. La première pierre de l’usine d’Argentan, dans l’Orne, Recyouest, a été posée le 9 juillet 2021. Elle devrait démarrer son activité en mai ou juin. D’abord axée sur les filets agricoles, elle devrait également recycler les ficelles d’ici deux à trois ans. « C’est la première usine au monde dédiée aux filets agricoles, se félicite le directeur d’Adivalor. Avant ils étaient enfouis et non recyclés, cela faisait partie des trous dans la raquette du recyclage des plastiques agricoles usagés. »  Une usine de recyclage des films de paillage devrait voir le jour cette année à Montpellier. Une autre pour les big bag en Haute-Normandie et une en Bretagne pour les films d’enrubannage, devraient être lancées en 2023. « Chaque catégorie de déchets nécessite des outils spécifiques, précise Pierre de Lépinau. La construction de telles usines coûte sept à huit millions d’euros. Si actuellement, leur capacité s’élève à environ 10 000 tonnes, la tendance générale est aux très grosses unités de recyclage qui devraient avoisiner les 50 000 tonnes d’ici cinq à dix ans. »

Un recyclage plus onéreux pour les plastiques

Les plastiques agricoles usagés sont plus chers à recycler car ils nécessitent des cycles de lavage. « Le coût est environ 30 % supérieur que dans d’autres filières, précise Yann Menigaud, directeur du site Suez de Landemont, dans le Maine-et-Loire. Mais les prix de reprise sont plus bas que pour des films industriels, ce qui compense ce surcoût. »

Les usines de recyclage doivent actuellement faire face à la hausse du prix de l’énergie. « L’électricité est le deuxième poste dans une usine de recyclage derrière les salaires, reconnaît Yann Menigaud. Les acheteurs de Suez ont pour l’heure bien négocié les tarifs, avec une hausse pour l’heure contenue à 25 %, mais qui risque d’augmenter. »