Les haies ont trouvé leur place dans les PSE des Agences de l’eau
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La plantation et la gestion de haies font partie des pratiques durables intégrées à l’expérimentation des paiements pour services environnementaux, actuellement menée par les Agences de l’eau. Le 14 mars, l’Afac-agroforesteries organisait un webinaire sur ce type de PSE.
L’expérimentation de paiements pour services environnementaux (PSE), portée par les Agences de l’eau, vise la rétribution des agriculteurs pour leurs pratiques durables. La gestion des haies en fait partie. L’Afac-agroforesteries proposait de faire le point, lors d’un webinaire organisé le 14 mars. À travers la France, pas moins de 54 territoires s’inscrivent dans des PSE « haies », impliquant quelque 1200 agriculteurs. Seul l’Agence de l’eau Rhin-Meuse ne propose pas ce dispositif.
Adossé au Label haie
Les PSE ont dû passer sous les fourches caudines de l’Union européenne, qui doit donner son feu vert pour tout paiement direct fléché vers les agriculteurs. L’UE a ainsi posé ses conditions. En premier lieu, les PSE « haies » ne sont pas cumulables avec les MAEC. Par ailleurs, la Commission souhaite que ces PSE soient plus exigeants que les bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE) de la Pac. Pour ce faire, les Agences de l’eau se doivent d’adosser leur dispositif à l’obtention du Label haie, porté par l’Afac. « Toutes n’ont pas opté pour les mêmes modalités, détaille Paule Pointereau, chargée de stratégie et de projets à l’Afac. Par exemple, Loire-Bretagne laisse deux années aux agriculteurs pour accéder au label, Rhône-Méditerranée-Corse, quatre ans. »
D’un territoire à l’autre, des spécificités…
Sur un même bassin, les porteurs de projet ont une certaine marge de manœuvre. Du côté de Dinan-Agglomération, la haie est un des quatre critères à respecter, quand le territoire de la Colmont, également situé en Loire-Bretagne, a conçu un PSE monothématique sur les haies : « Nous voulions un système n’impliquant pas trop de complexité et d’indicateurs, justifie Valérie Cornu, coordinatrice du contrat territorial de la Colmont. Nous voulions aussi que la haie soit au centre du dispositif, et pas un sujet abordé dans les cinq dernières minutes des réunions. »
…et des points communs
Pour ce qui concerne les critères d’attributions des PSE liés aux haies, la mécanique est toutefois homogène sur les deux territoires, qui ont axé leur action sur l’entretien des haies, et non la plantation. Au-delà de l’obtention du label, les agriculteurs doivent justifier d’une densité de haies (en mètres linéaires par hectare) située au-dessus d’une valeur plancher, définie pour chaque territoire. Le paiement augmente avec la valeur de cette densité, jusqu’à un montant plafond. Le montant perçu par un agriculteur est variable. Pour l’éleveur Édouard Heulin, installé dans le Maine-et-Loire et qui témoignait lors du wébinaire, il avoisine les 36 000 € par an. Sur le territoire de Dinan, il oscille entre 2 000 et 12 000 euros par an.
Une culture des haies à pérenniser
La haie nécessite des compétences spécifiques. Le territoire de Colmont a recruté un technicien bocager en 2021. Camille Noël, chargée de projet agri-environnement à Dinan Agglomération, estime de son côté entre 0,7 et 0,8 ETP le temps consacré à l’accompagnement du PSE haie. « Et pas uniquement sur des aspects techniques, précise-t-elle. Pour que la démarche soit fructueuse, il faut aussi proposer une aide administrative aux agriculteurs. » Si elle reconnaît que l’ensemble est chronophage, elle estime que le jeu en vaut la chandelle. Elle espère que le virage pris avec ces PSE « haies » continuera après la phase actuelle d’expérimentation.