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15 % de surfaces en bio impliqueraient 180 tonnes de cuivre en plus par an

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Dans un rapport, l’Anses se projette sur ce qu’impliquerait 15 % de surfaces bio en France, concernant l’utilisation de cuivre, outil stratégique pour les producteurs en AB. Et conclut à une augmentation des tonnages de 180 tonnes chaque année.

15 % de surfaces en bio impliqueraient 180 tonnes de cuivre en plus par an
15 % de surfaces en bio impliqueraient 180 tonnes de cuivre en plus par an

L’objectif du plan Ambition bio 2022 ne sera a priori pas rempli : alors que les surfaces bio représentaient 9,5 % de la SAU française en 2020, les 15 % visés pour 2022 ne devraient pas se concrétiser, de l’aveu même du ministre de l’Agriculture Julien Denormandie. Dans un rapport publié fin février, l’Anses se projette malgré tout sur les conséquences de ces 15 % de surfaces bio, s’ils étaient atteints à l’avenir, par rapport à l’utilisation du cuivre, l’hypothèse retenue étant que chaque culture atteigne ces 15 % de conversion. De fait, cette expansion souhaitée du bio revient à augmenter les tonnages de cuivre appliqué sur les cultures d’environ 180 tonnes par campagne, par rapport à la période 2016-18. Cette quantité serait environ deux fois plus élevée si les surfaces bio atteignaient 25 %.

La vigne resterait la principale consommatrice

Si l’on reste sur les 15 % du plan Ambition bio, la viticulture resterait alors la première consommatrice avec 1 096 tonnes annuelles au total (dont 346 tonnes pour le bio) contre 957 tonnes en 2016, date des chiffres de référence de l’Anses pour la vigne. La pomme de terre, de son côté, connaîtrait l’augmentation la plus significative. Alors que la vigne doit convertir 6 % de ses surfaces pour atteindre les 15 %, la pomme de terre doit convertir 13 % de ses parcelles. Cela conduirait à l’utilisation de plus de 30 tonnes de cuivre par campagne pour cette culture, soit une augmentation de plus de 800 %. Un chiffre qui tient aussi au fait que le cuivre est très peu utilisé en agriculture conventionnelle.

Pas de réelle alternative au cuivre pour les producteurs bio

Cette augmentation des utilisations du cuivre soulève des questions. Les impacts de la molécule, notamment sur les organismes vivants du sol, font l'objet de débats, et inquiètent. L’UE avait d’ailleurs revu à la baisse les doses autorisées, en 2018. En France, une feuille de route datée de 2019 est dédiée à la réduction des usages de cuivre. L’Anses rappelle que l’obstacle principal à la réduction de l’utilisation du cuivre en agriculture bio est « la faible disponibilité d’alternatives apportant un niveau de protection comparable ». Les produits de biocontrôle permettraient de diminuer ces quantités, « mais leur efficacité limitée ne permettrait pas de se substituer complètement au cuivre ».