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Autonomie protéique, l’atteinte des objectifs « n’est pas certaine » selon l’Idele

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Six mois après le lancement du programme Cap Protéines, ses deux copilotes, l’Institut de l’élevage et Terre Inovia, ont pris la parole lors d’une conférence au Space, à Rennes, le 15 septembre. Après avoir rappelé l’enjeu du programme, ils ont averti sur la difficulté que représentait l’objectif d’autonomie protéique des exploitations d’élevage en ruminants, et ont souligné la nécessité d’un accompagnement technique des éleveurs.

Le comité d’évaluation du plan France Relance vient de rendre le bilan du mise en œuvre du plan prot - © D.R.
Le comité d’évaluation du plan France Relance vient de rendre le bilan du mise en œuvre du plan prot - © D.R.

Lancé en janvier 2021, le programme Cap Protéines, co-piloté par l’Institut de l’élevage et Terres Inovia, a pour ambition d’atteindre les objectifs du Plan protéines, à savoir couvrir le déficit en protéines végétales destinées à l’alimentation humaine, réduire la dépendance française aux importations pour l’alimentation animale et renforcer l’autonomie protéique des exploitations d’élevage en ruminants. « La réussite du programme n’est pas certaine, la France a déjà tenté plusieurs plans protéiques qui n’ont pas fonctionné », affirme Jérôme Pavie, responsable du service fourrages et pastoralismes à l’Institut de l’élevage, lors d’une conférence organisée le 15 septembre, au Space, à Rennes. Ce dernier relativise néanmoins. « Aujourd’hui, nous avons des arguments : économiques avec un cours du soja élevé, climatiques avec de la luzerne qui profite du réchauffement et une aide financière pour investir dans du matériel. »

Des changements dans les rations et dans les champs

Les élevages laitiers sont les plus en retard en ce qui concerne l’autonomie protéique. 69 % des élevages bovins laitiers sont autonomes, contre 86 % en bovins viande. Pour accroître cette autonomie, et se passer du soja importé, deux leviers sont mis en avant : la modification des rations des animaux pour y diminuer la quantité de tourteaux de soja, et l’augmentation des surfaces de soja et autres protéagineux, sans diminution des surfaces d’oléagineux.

Des mesures incitatives nécessaires

Dans un scénario imaginé par l’Académie d’Agriculture et l’Institut de l’élevage, ces deux leviers pourraient déboucher sur la création d’un million d’hectares de prairies à légumineuses, une multiplication par quatre des surfaces de soja, et une multiplication par trois des surfaces de pois et féverole. Selon les intervenants, une telle prouesse est possible, à condition qu’elle soit accompagnée notamment de la présence de produits de substitution (tourteaux locaux, luzerne déshydratée…), que le gaspillage à la ferme soit limité, et qu’une politique d’incitation et un accompagnement technique auprès des éleveurs soient mis en place.

Face aux questionnements des agriculteurs, concernant leur réticence à cultiver davantage de cultures protéiques sur leurs fermes, notamment en raison de la peur d’une baisse de rendement, Jérôme Pavie a été clair. « La corrélation n’a pas été établie. Il est possible que de tels changements améliorent en réalité la compétence technique de l’exploitation. »

Le programme Cap Protéines bénéficie d’un budget de 53,5 M€, dont 20 M€ viennent du plan de relance.