Gestion des eaux souterraines, le projet Aquifer met en ligne une plateforme recensant des bonnes pratiques
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Lancé fin 2020, le projet Aquifer, qui réunit la France, l’Espagne et le Portugal, s’est clôturé le 30 avril 2023. Les outils développés dans ce cadre vont permettre de suivre plus finement, mais aussi d’anticiper, l’évolution du niveau des nappes. Des exemples innovants de gestion de l’eau ont également été recensés. Explication avec Sandra Béranger, ingénieure hydrogéologue au BRGM et Mylène Hache, chargée de mission au sein d’Aqua-Valley.
Pour mieux connaître et protéger les eaux souterraines, la France, l’Espagne et le Portugal ont collaboré, pendant 30 mois, dans le cadre du projet Aquifer. Les résultats de ces travaux ont été présentés au début du mois d’avril 2023 par les partenaires français du projet, le pôle Aqua-Valley et le Bureau de recherches géologiques et minières, BRGM. Les trois les pays ont abordé des problématiques et enjeux propres à leurs territoires. Le Portugal, par exemple, s’est davantage penché sur le sujet des systèmes agricoles et de leur impact sur les aquifères. Côté français, « une présentation du projet a été faite aux chambres d’agriculture, dans le Tarn-et-Garonne, en début de projet, explique à Référence Agro, Sandra Béranger, ingénieure hydrogéologue au BRGM. Nous les avions également conviées à la conférence de clôture, mais elles n’ont pas pu être présentes. Nos travaux vont se poursuivre dans les mois qui viennent, nous les solliciterons à nouveau pour leur montrer les outils développés. »
Des bonnes pratiques agricoles identifiées
Dans le cadre du projet Aquifer, une plateforme a été mise en ligne pour centraliser des bonnes pratiques en matière de gestion des eaux souterraines. Trente d’entre elles, recensées dans divers pays, y figurent déjà. « L’idée est que cette plateforme évolue et s’étoffe avec la mise en ligne de nouvelles pratiques, indique Mylène Hache, chargée de mission au pôle Aqua-Valley. Un formulaire est disponible directement sur le site pour permettre à ceux qui le souhaiterait de proposer une pratique innovante. » Parmi celles déjà en ligne, quelques-unes concernent l’agriculture. Il s’agit, par exemple, de la réalisation de barrages souterrains pour stocker l’eau de pluie sous le lit des rivières, dans les régions semi-arides du nord-est du Brésil ; la tenue d’un conseil central des usagers sur la plaine du Baix Ter en Espagne, regroupant notamment les communautés d’irrigants, afin d’arbitrer les usages de l’eau sur ce territoire ; un outil testé en Espagne, en Jordanie et au Liban pour favoriser le consensus entre les agents impliqués dans la gestion des eaux souterraines, via la simulation de l’effet de différentes mesures économiques.
Prévoir l’évolution du niveau des nappes
De manière plus générale, le projet Aquifer va surtout permettre de suivre plus précisément le niveau des nappes, grâce à la mise en ligne d’un outil développé par le BRGM, nommé MétéEAU Nappes, qui permet de prévoir l’évolution du niveau des nappes et d’avoir une idée de ce dernier en fin de période d’étiage. Celui-ci est actualisé chaque début de mois. Par ailleurs, des modélisations 3D ont été réalisées dans le Tarn-et-Garonne pour estimer les volumes prélevables en eau souterraine permettant d’assurer une gestion durable de la nappe alluviale. « En couplant ces modélisations avec MétéEAU Nappes, nous souhaitons fournir aux gestionnaires de l’eau trois volumes de prélèvements potentiels pour la période d’étiage à venir », affirme Sandra Béranger. L’ensemble de ces données devrait être mis à disposition sur le site Viginappe, qui doit être mis en ligne prochainement. « Il montrera l’état de la ressource en eau pour le bassin Adour-Garonne, glisse l’ingénieure hydrogéologue. L’objectif est désormais que les personnes intéressées par cet enjeu s’emparent de ces différentes ressources. »