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Inrae défend l’originalité de « Cultiver et protéger autrement » lors d’une conférence européenne

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Une conférence scientifique d’ampleur européenne était organisée, les 2 et 3 juin, à Dijon, sur le thème des réductions d’usages de pesticides. L’occasion, pour Inrae, de mettre en avant « Cultiver et protéger autrement », programme dont l’originalité tient entre autres à l’objectif fixé : construire une agriculture sans aucun pesticide.

Florence Jacquet, directrice de recherche à l’Inrae. - © D.R.
Florence Jacquet, directrice de recherche à l’Inrae. - © D.R.

La réduction des usages de pesticides est une ambition largement partagée en Europe. L’UE souhaite créer des synergies autour de cet enjeu. C’est dans ce but, et dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, qu’une conférence scientifique a été organisée les 2 et 3 juin à Dijon. Florence Jacquet, directrice de recherche chez Inrae, en a assuré l’intervention introductive. L’occasion, notamment, de présenter le programme « Produire et protéger autrement », dont elle assure la coordination.

Des projets aux budgets et durées hors normes

Elle en a notamment souligné les différentes originalités. « Le budget, et la durée des projets retenus, sont rares, affirme-t-elle. La norme tourne autour de 500 000 €, octroyés pour trois ans en général. Dans notre appel à projets, nous avons débloqué 2 à 3 M€ pour des projets de six ans. » Et pour cause : l’objectif poursuivi est lui-même atypique. Les chercheurs sont invités à imaginer des systèmes sans pesticides. « Les programmes balisant une réduction d’usage sont nombreux, et portent souvent des enseignements précieux, reconnaît Florence Jacquet. Mais nous sommes ici dans un paradigme clair : pas « moins », mais « zéro », c’est un challenge différent. »

Des travaux à partager sans attendre les résultats

Une ligne directrice de rupture, sur laquelle le ministère de la Recherche a misé 30 €, pour dix projets lauréats. « Nous sommes très contents de ces lauréats, se réjouit Florence Jacquet. Nous avons distingué, dès le stade des candidatures, des types de projet sortant des habitudes, davantage pluridisciplinaires, et présentent un lien plus fort entre recherche fondamentale et terrain. »

« Cultiver et protéger autrement » présente une autre singularité. Sur l’enveloppe globale, un million d’euros est destiné à créer de l’interactivité avec la profession agricole. Chaque année, un événement thématique est organisé : diversité en grandes cultures pour 2021, zéro pesticide en viticulture pour 2022, focus sur l’arboriculture en 2023. « À ce stade, nous n’avons évidemment pas de conclusion à valoriser, mais ce n’est pas la finalité : nous voulons inviter et concerner les acteurs du secteur agricole pour partager notre démarche, justifie Florence Jacquet. Les résultats suivront en temps voulu. »

Créer une capillarité européenne

Une partie de ce budget « animation » est également dédié à des rencontres à caractère plus scientifique, mais à l’échelon européen. La conférence des 2 et 3 juin, à Dijon, rentrait précisément dans ce cadre. En 2023, un colloque focalisé sur l’épidémiologie sera organisé. « La France est tête de file, mais elle n’est pas seule ! lance Florence Jacquet. Il est essentiel de partager les efforts de chaque pays. »

Enfin, dernière particularité de « Cultiver et protéger autrement », mais qui tient aussi à cette volonté de ne pas financer des projets en silo : deux actions transversales bénéficient d’une ligne de budget à part entière. La première consiste en un travail prospectif, anticipant les contours d’une agriculture sans pesticides en 2050. La seconde aboutira à une analyse, résultant du suivi des dix projets lauréats, des cheminements suivis par les chercheurs, d’une part, et des impacts de l’innovation sur les filières concernées, d’autre part.