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Inrae, l’Institut agro et les chambres lancent une chaire eau, agriculture et changement climatique

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Explorer, pendant quatre ans, les moyens de mieux gérer la ressource en eau dans le secteur agricole : c’est l’objectif des onze partenaires de la chaire Eau, agriculture et changement climatique, parmi lesquels les chambres d’agriculture, Inrae et l’Institut agro, officiellement lancée le 4 juillet 2022. Le budget prévisionnel annoncé est de 90 000 € par an.

©AG - © D.R.
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En période estivale, l’agriculture est à l’origine de 50 %, en moyenne, de l’eau consommée. Pour limiter l’envolée de ce chiffre et répondre à la menace d’une gestion de l’eau encore plus tendue, dans le sud de France, onze partenaires (1), emmenés par Inrae, l’Institut Agro, et les chambres d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Paca, se sont réunis dans une chaire partenariale Eau, agriculture et changement climatique (EACC). « L’État a mis ce sujet à l’agenda politique avec le Varenne de l’eau, cela doit désormais se décliner dans les échelons territoriaux, explique Sami Bouarfa, chef adjoint au département Aqua chez Inrae, et coordinateur scientifique de la chaire, à l’occasion de son lancement officiel, le 4 juillet. L’objectif est aussi de faire travailler des agriculteurs, des entreprises, des collectivités, institut de formation, pouvoirs publics ensemble. »

Du stockage aux eaux usées traitées, six chantiers prioritaires

Les travaux ont commencé depuis octobre 2021, suite à la création de la chaire par Inrae et l’Institut Agro. Concrètement, ils sont divisés en six chantiers prioritaires, incarnant chacun un levier à actionner pour une meilleure gestion de la ressource en eau. Objectif commun : construire une vision partagée de la planification et la gestion des ressources en eau à l’échelle des territoires.

  1. des méthodes pour mieux comprendre les usages, évaluer et anticiper les besoins en eau
  2. transition agroécologique et gestion de l’eau : quelles interdépendances ?
  3. réutilisation d’eaux usées traitées pour l’agriculture : potentiel, limites et conditions de réussite des projets
  4. retenir plus, répartir mieux : quels aménagements pour les territoires ?
  5. salinisation en zone côtière : enjeux et moyens d’adaptation
  6. planification et gestion territoriale des ressources en eau : vers des approches renouvelées

Eviter une guerre de l’eau entre les différents usages

La chaire concentre pour l’heure son action sur un grand tiers sud, et notamment sur le pourtour méditerranéen, où l’augmentation des températures estivales est déjà supérieure de 50 % à la moyenne globale. « La région du sud de la France est confrontée à des évolutions majeures, souligne René Révol, vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole. Si nous ne voulons pas d’une guerre de l’eau entre les différents usages, il est essentiel de mettre en place une vraie politique de l’eau. Il ne s’agit pas de stigmatiser car cela est nécessaire pour assurer la production de notre alimentation. » Il regrette notamment le retard pris par la France en matière d’utilisation des eaux usées, dans les champs et dans les villes.

De nouveaux territoires concernés par l’irrigation

Pour sa part, André Bernard, président de la Chambre régionale d’agriculture Sud-Paca, insiste sur les efforts d’ores et déjà déployés sur le terrain. « Du chemin a été parcouru, mais l’irrigation doit encore être modernisée. Un travail considérable est à réaliser pour optimiser la ressource. Nous pouvons nous appuyer sur des solutions naturelles comme l’agroforesterie, ou technique, comme l’agrivoltaïsme. » Mais aussi sur les défis qui attendent les partenaires. « Une partie du territoire est encore non irriguée. Or on voit bien aujourd’hui que sans eau nous n’y arriverons pas. Nous aurons besoin des conseillers demain pour travailler ces sujets là. »

L’action de la chaire est prévue pour une durée de quatre ans. Le budget prévisionnel annoncé est de 90 000 euros par an, financés par l’action de mécénat de la fondation universitaire de l’Institut Agro.

(1) Groupe BRL, Société du Canal de Provence, CACG, Veolia, département de l’Hérault, Montpellier Méditerranée Métropole, chambres d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Paca, CCE&C, Aquasys, Inrae, Institut Agro