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La Chambre d’agriculture du Grand Est veut accélérer sur le climat

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La chambre d’agriculture de la région Grand Est espère obtenir des financements pour lancer un nouveau projet nommé Carmina. Objectif : diffuser les leviers de la transition climatique de l’amont à l’aval, pour les trajectoires nationales de réduction d’émission.

ⓒBASF - © D.R.
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« Les politiques nationales fixent à l’agriculture un objectif de réduction d’émission de 46 % d’ici à 2050 par rapport à 2015. Mais plus on avance, plus on s’aperçoit qu’il est difficile de traduire ces engagements sur le terrain », constate Madeleine Loevenbruck, chargée de projet bas carbone à la Chambre d’agriculture du Grand Est. Alors que les leviers de réduction sont connus mais peinent à être mis en œuvre, la chambre régionale a donc décidé de déposer un nouveau Partenariat Européen pour l’Innovation (PEI). Nommé

, pour “Carbone : mettre l’Innovation au service de l’Agriculture”, ce projet pourrait débuter au printemps 2024 et durer 3 ans.

Principale différence avec le projet Carbonthink, qui s’est concentré sur les grandes cultures, Carmina espère « travailler avec toutes les filières représentatives de l’agriculture du Grand Est, souligne Madeleine Loevenbruck. En réunissant le plus nombre de partenaires possibles, nous voulons identifier les besoins de chaque filière, proposer des solutions et faciliter l’accès aux financements ». Aides Pac, crédits carbone, primes filières, financement participatif : « nous allons explorer tous les canaux », promet Madeleine Loevenbruck.

Embarquer les consommateurs pour répondre à l’urgence

Autre ambition : embarquer l’aval, et les consommateurs. « Les objectifs de réduction d’émission sont clairs pour l’offre, mais il n’y a pas encore de politique de demande pour les produits bas-carbone », rappelle Madeleine Loevenbruck. Au travers d’enquêtes, de formations, et de communications, la Chambre aimerait donc susciter le débat sur le rôle de l’ensemble des acteurs dans l’accélération de la transition.

Car le diagnostic régional publié en 2021 par la Chambre a rappelé l’urgence. La surface agricole concernée par les sécheresses, note le rapport, est déjà passée de 10 à 21 % entre 2000 et 2021. Le nombre de journées dites “estivales”, c’est-à-dire à plus de 25°C, devrait continuer d’augmenter d’ici 2040, pour atteindre soixante ou soixante-dix jours dans certaines zones céréalières, contre seulement une quarantaine aujourd’hui. Des conditions qui sont susceptibles d’affecter négativement les rendements de céréales à paille, et en particulier du blé, puisque des échaudages pourraient être observés deux années sur trois. Pour les prairies, face à une augmentation des précipitations, la pousse de l’herbe serait plus importante. L’augmentation des périodes de stress hydrique estivaux devrait cependant conduire à « une rupture de la saison de pâturage », exigeant la constitution de stocks plus importants au printemps.

Des premières pistes de réponse

Face à ces nouvelles conditions, la chambre évoque dans ce document de nombreuses réponses. En grandes cultures, l’introduction du chanvre, du sorgho ou du soja, plus adaptées à la chaleur, pourrait apporter de nouveaux revenus. Le renforcement de la complémentarité entre élevage et grandes cultures permettrait également de mieux valoriser les couverts, ou même de prévoir une double destination des cultures, fourrage ou grain selon la réussite. La  Chambre rappelle enfin que l’agroforesterie pourrait également augmenter les ressources en fourrages et mieux réguler la température dans les prairies.