L’Acta livre des premiers résultats sur l’effet biocide de la biofumigation
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L’Acta se penche sur la biofumigation, une pratique qui s’appuie sur la libération dans le sol de molécules biocides produites naturellement par des plantes de services. Un phénomène qui permettrait de réduire l’usage de produits phytosanitaires. Le réseau des instituts techniques livre des premiers résultats.
Les recherches avancent sur la biofumigation. Cette pratique agronomique consiste à broyer finement un couvert végétal, mis en place pendant la période d’interculture, et à incorporer les résidus dans le sol. Son intérêt réside dans la libération de substances naturellement produites lors du développement de certaines plantes, susceptibles de réduire la pression biotique pour la culture suivante.
Les brassicacées libèrent des glucosinolates
Les brassicacées sont l’une des familles les plus utilisées : leurs vacuoles contiennent des glucosinolates. Une fois les vacuoles cassées, les enzymes vont attaquer les glucosinolates. « Ce sont les produits de ces dégradations qui ont des propriétés biocides », explique Matthieu Hirschy, ingénieur à l’Acta, lors d’un webinaire le 11 octobre à Paris. Des travaux ont été réalisés par des chercheurs de l’Inrae de Toulouse, notamment dans le cadre de la thèse de Neila Ait Kaci, cofinancée par Mas Seeds. Ils cherchent à optimiser les effets de cette pratique agroécologique encore à ses balbutiements. « Les premiers résultats montrent qu’il faut de l’eau en condition non limitante, et une température du sol assez élevée, entre 30 et 35 °C », ajoute l’ingénieur.
« Les effets sont même supérieurs aux produits chimiques »
Toutes les espèces au sein de cette famille ne se valent pas. Les travaux s’accélèrent. Certains ont mise en avant l’efficacité de la moutarde blanche utilisée en biofumigation sur la maladie du pied noir de la vigne. « Les effets sont même supérieurs aux produits chimiques », indique Lionel Alletto, directeur de recherche à l’Inrae de Toulouse. En Italie, des tests sont menés sur l’utilisation de la moutarde éthiopienne pour lutter contre le dépérissement des vergers de kiwis. Le Bureau interprofessionnel des vins de cognac lance une thèse sur le contrôle du dépérissement de la vigne par les plantes de services.
Une thèse sur le Verticillium du tournesol
Une thèse est également en cours sur le Verticillium du tournesol. « D’une manière plus globale, des essais sur quatre ans ont monté l’intérêt de couverts de moutarde brune, radis fourragers, navette fourragère, vesce du Bengale, ajoute Matthieu Hirschy. Il existe également plusieurs types de glucosinolates aux effets variés, et différentes teneurs en ces molécules selon les plantes. »
Pas d’effets constatés sur les auxiliaires
Des études restent donc encore à mener. « A priori, il n’y aurait pas d’effets négatifs sur les auxiliaires », précise Lionel Alletto. L’ingénieur met en toutefois en garde les personnes qui testeraient cette pratique : « Ce sont des molécules biocides entraînante un risque d’intoxication en milieu fermé ! »
Pour en savoir plus, l’Inrae de Toulouse organise le 30 novembre à Auzeville (31) une journée technique sur les plantes de service.