Référence agro

L’ACV territoriale, un outil pour mieux piloter l’irrigation

Le | Recherche-developpement

L’analyse de cycle de vie, ou ACV, se décline aujourd’hui au niveau territorial. Pourtant elle reste peu utilisée dans la décision publique en matière d’aménagement du territoire. Pour faire avancer le débat, un colloque a été organisé, le 3 octobre, par la Société du Canal de Provence sur le thème de la gestion de l’eau.

L’ACV territoriale, un outil pour mieux piloter l’irrigation
L’ACV territoriale, un outil pour mieux piloter l’irrigation

Pour irriguer 700 hectares agricoles dans le sud de la France, vaut-il mieux miser sur la pluviométrie, irriguer avec une eau importée sur 100 km de réseau principal ou alors avoir recours à une ressource locale issue d’une retenue collinaire ? Cruciale dans un contexte de changement climatique et de raréfaction des ressources en eau, cette question d’aménagement du territoire se pose rarement en amont des projets. « L’analyse de cycle de vie doit être intégrée dans les processus de décision publique, car elle constitue un indicateur d’impact environnemental qui nous permet de prendre des décisions durables », affirme Christian Hubaud, vice-président de la Société du canal de Provence (SCP). Il s’exprimait le 3 octobre à Le Tholonet (13), à l’occasion d’un colloque dédié à cet enjeu. À l’heure où la France élabore sa planification écologique, la SCP, la chaire académique Elsa-Pact et l’Association française pour l’eau agricole, une irrigation et un drainage durable (Afeid) ont réuni les principaux acteurs scientifiques, techniques, institutionnels et politiques pour échanger sur ce sujet.

Se poser la question des services rendus dès le départ

«  L’ACV territoriale permet de comparer des scénarios afin d’étudier, en amont, la meilleure solution pour apporter de l’eau à un endroit donné », explique Agata Sferratore, experte environnement à la SCP. Méthode normée ISO 14040, l’ACV évalue les impacts environnementaux, tout au long de la vie d’un produit ou d’un service. Elle utilise une approche globale, multicritère et fonctionnelle, en évaluant différentes catégories d’impact (émissions de gaz à effet de serre, consommation d’eau, etc.) pour un même service rendu.

Dans le cas des aménagements d’infrastructures d’eau, on s’intéressera par exemple aux impacts d’un mètre cube d’eau délivré à la sortie du réseau. Mais aujourd’hui, cette logique peut également évaluer la pertinence d’un aménagement à l’échelle du territoire. « L’ACV territoriale identifie les scénarios qui maximisent les services rendus et minimisent les pressions sur l’environnement », explique Éléonore Loiseau, chercheuse chez Inrae.

Un cas concret d’application de l’ACV territoriale

Dans le cas de l’irrigation des 700 hectares agricoles dans le sud de la France, les services rendus pris en compte sont la sécurité alimentaire, via la biomasse produite, la gestion de l’espace, représentée par la surface occupée, et la production économique, renseignée par le chiffre d’affaires. Les dommages sur l’environnement concernent quant à eux la santé humaine, la qualité des écosystèmes et la consommation de ressources minérales et fossiles. Dans cet exemple, les résultats montrent que les scénarios avec irrigation sont les plus efficients car, à partir de la même surface au sol, ils permettent de produire plus de biomasse.