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L’adaptation au changement climatique pourrait coûter 1,5 Mrd € par an à l’agriculture selon I4CE

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L’Institut de l’économie pour le climat, I4CE, a remis au ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, le 5 avril 2024, un rapport sur les coûts de l’adaptation dans le cas d’un réchauffement de + 4°C. Les travaux se sont focalisés sur trois secteurs, dont la production agricole en filières végétales. L’I4CE conclut à des mesures d’adaptation insuffisantes et estime que le déploiement d’actions efficaces, dans le secteur agricole, représenterait un coût de 1,5 milliard d’euros par an.

L’adaptation au changement climatique pourrait coûter 1,5 Mrd € par an à l’agriculture selon I4CE
L’adaptation au changement climatique pourrait coûter 1,5 Mrd € par an à l’agriculture selon I4CE

Alors que le plan national d’adaptation au changement climatique, Pnacc, doit être présenté dans les prochaines semaines, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, s’est vu remettre un rapport de la part de l’Institut de l’économie pour le climat, I4CE, sur les coûts de l’adaptation à un réchauffement climatique de +4°C. « Ces premières estimations économiques sont très précieuses et essentielles pour piloter des politiques d’adaptation, indique-t-on du côté du ministère. Les premières conclusions démontrent que l’adaptation va coûter cher mais que l’inaction est encore plus coûteuse. Cette dernière est portée par les politiques publiques alors que le coût de l’adaptation peut-être partagé », défend le ministère.

Des leviers d’action aux bénéfices nets identifiés pour 9 filières

Le rapport d’I4CE s’est focalisé sur trois grands secteurs : le bâtiment, les transports terrestres, et la production agricole végétale. En ce qui concerne l’agriculture, si les effets du changement climatique sont avérés et étudiés, et que des mesures d’adaptation ont bien été identifiées (plan eau, réforme de l’assurance récolte, fonds d’investissement hydraulique), le document juge ces dernières « insuffisantes », et aux coûts « mal appréhendés ». Pour aller plus loin, l’institut a fait appel à la start-up Finres, pour identifier « des combinaisons de mesures parmi un panier de solutions technologiques qui permettraient des bénéfices nets sur la production pour des niveaux de réchauffement jusqu’à +4°C en France ».

Les technologies (irrigation ; brise-vent (artificiel ou naturel avec de l’agroforesterie) ; ombrage (artificiel ou naturel avec de l’agroforesterie) ; serres agricoles) ont été testées sur neuf cultures : betterave sucrière, blé d’hiver, maïs irrigué et non irrigué, pois secs, soja, sorgho, tournesol, vigne. Si toutes ces technologies étaient déployées, sur tout le territoire et à assolement constant, cela représenterait un coût de 1,5 milliard d’euros par an, au cours de la prochaine décennie. « Seules certaines mesures d’adaptation présentent des bénéfices pour l’exploitation à même de compenser leurs coûts, prévient néanmoins le rapport. Ce constat permet d’introduire les discussions nécessaires sur la distribution des coûts de l’adaptation et les modalités de son financement. D’autres paramètres non intégrés à cette analyse comme les effets sur la balance commerciale ou l’importance sociale et environnementale de l’agriculture doivent alors être pris en considération. »

Pas de consensus sur l’ampleur de la transition à déployer

Si ces données nourrissent les réflexions sur le type d’actions à déployer, elles ne suffisent pas à dessiner une trajectoire d’adaptation unique. I4CE souligne, au contraire, « l’absence de consensus sur le niveau et le rythme de transformation nécessaires ». Deux voies principales s’opposent : la poursuite d’un niveau élevé de rendements en acceptant le risque d’une plus grande exposition aux aléas climatiques et économiques ; et le choix d’une production plus résiliente ou plus constante mais au prix de rendements moyens plus modestes. Deux voies qui ne semblent pas satisfaisantes pour l’institut. « Pour des niveaux de réchauffement limités les adaptations incrémentales pourraient être suffisantes mais au-delà des transformations seront à engager », assure I4CE. L’institut rappelle enfin que de nombreux coûts restent à évaluer, comme ceux relatifs aux investissements dans des nouvelles capacités de production, de transformation et de distribution ; les dépenses liées à la formation ou à des mesures de compensation pour les perdants de la transition.