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L’Ademe calcule l’empreinte « sol » pour comparer les régimes alimentaires

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Dans une étude publiée le 13 avril sur l’impact de nos habitudes de consommation alimentaire sur l’environnement, l’Ademe insiste sur l’empreinte « sol ». Chiffres à l’appui, ce prisme met une nouvelle fois en exergue l’importance de rééquilibrer nos régimes alimentaires vers une diminution des produits carnés et des denrées importées.

L’Ademe calcule l’empreinte « sol » pour comparer les régimes alimentaires
L’Ademe calcule l’empreinte « sol » pour comparer les régimes alimentaires

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L’Ademe calcule l’empreinte « sol » pour comparer les régimes alimentaires - © D.R.
L’Ademe calcule l’empreinte « sol » pour comparer les régimes alimentaires - © D.R.

« Manger bio ne consomme pas davantage d’espace à partir du moment où le régime alimentaire est équilibré », Jérôme Mousset, Ademe.[/caption]

« Toutes les études prospectives sur la neutralité carbone montrent qu’il faut modifier nos systèmes alimentaires pour y arriver », explique Jérôme Mousset, directeur bioéconomie et énergies durables de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, Ademe. Un quart des émissions de gaz à effet de serre, GES, de chaque citoyen est en effet lié à ce qu’il mange. L’Ademe a donc réalisé une nouvelle étude sur l’impact écologique de notre alimentation. Elle a été publiée le 13 avril 2021. Elle fait suite à celle réalisée en 2019, mais avec un axe plus important sur la question des sols. L’enquête s’est attachée à étudier l’empreinte de ce que nous consommons et celle des denrées importées.

Les surfaces agricoles mobilisées fluctuent selon le régime alimentaire

Une nouvelle fois, l’étude insiste sur l’importance de rééquilibrer la part de produits végétaux et animaux dans notre alimentation. Cette préconisation est accentuée en prenant en compte le sol : si 1200 m² de surfaces agricoles sont suffisants sur un an pour un régime végétarien, il faut 6000 m² pour un gros mangeur de viande (plus de 170 g/jour). La moyenne actuelle de l’alimentation des Français s’élève à 4280 m² pour 107 grammes de viande par jour. « En prenant un régime avec 75 grammes de viande, cette dernière représente 5 % des aliments mais 50 % de l’occupation des sols du régime », indique Sarah Martin, ingénieure alimentation durable.

Elle insiste sur le fait que les petits efforts de tous peuvent avoir une grande influence : une baisse de consommation moyenne de 10 grammes de viande par jour et par personne conduirait à une diminution d’environ 200m² de cette empreinte sol, et de 5,2 % des émissions totales de GES au stade de la production agricole. Ce rééquilibrage permettrait de libérer des terres pour développer des modes de production plus agroécologiques et extensifs, comme l’agriculture biologique, indique l’Ademe. « La recherche du rendement maximal et des derniers quintaux est particulièrement émetteur de gaz à effet de serre », ajoute Sarah Martin. Or, l’agriculture biologique consomme davantage de terre. Quel modèle de production privilégier alors pour réduire l’empreinte carbone ? « Les changements de systèmes de production doivent se faire de manière concomitante avec l’évolution des comportements alimentaires, répond Jérôme Mousset. Manger bio ne consomme pas davantage d’espace à partir du moment où le régime alimentaire est équilibré. »

L’importation de denrées fragilise la résilience de la France

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L’Ademe calcule l’empreinte « sol » pour comparer les régimes alimentaires - © D.R.
L’Ademe calcule l’empreinte « sol » pour comparer les régimes alimentaires - © D.R.

Le thé, le café et le chocolat importés ont un fort impact sur les sols. Les viandes achetées à l’extérieure sont responsables d’importantes émissions de gaz à effet de serre.[/caption]

Les chercheurs se sont également penchés sur le volet « importation ». La surface nécessaire à l’alimentation de la population française est approximativement de 26 millions d’hectares, soit légèrement moins que la surface agricole utile (SAU) en France estimée à 28,7 Mha. « Nous pourrions penser que nous sommes à l’équilibre, indique Antoine Pierart, ingénieur au service forêt, alimentation et bioéconomie de l’Ademe. Or, 12 Mha des surfaces françaises sont dédiées à l’exportation et nous importons l’équivalent de 9,6 Mha pour notre alimentation. » Des chiffres qui questionnent la résilience globale du système français et ses impacts environnementaux : la production agricole des denrées importées émet 18,7 MtCO2eq, hors changement d’usage des sols. La viande représente 8 % des importations en tonnes, 40 % des surfaces mobilisées et 71 % des émissions issues de la production des denrées importées. Toutefois, elle provient essentiellement d’Europe. « Ce qui n’est pas le cas des tourteaux pour l’alimentation des animaux, qui ont parcouru un plus long voyage, en provenance d’Amérique du Sud et d’Asie. L’enjeu de l’importation est différent selon les produits alimentaires », insiste Antoine Pierart.

Thé, café et chocolat pèsent sur l’empreinte « sol »

L’Ademe encourage également les Français à réduire leur consommation de produits que nous ne pouvons cultiver chez nous. « Le thé, le café et le chocolat pèsent pour 20 % de l’empreinte « sol » de l’ensemble des produits alimentaires importés », explique Antoine Pierart

De manière plus générale, les auteurs préconisent la relocalisation de notre alimentation, notamment pour les fruits et légumes pour lesquels les volumes importants augmentent fortement le bilan carbone du transport.

Les chiffres clés de l’étude de l’Ademe

Surface agricole mobilisée pour l’alimentation d’un Français

  • De 1200m² pour un régime purement végétal…
  • … 4280m² pour un français moyen (INCA2, 107g de viande /j) …
  • à 5200m² pour un gros consommateur de viande (170g/j)
  • +10g/j = +200m²

Impact des produits importés

  • Thé + café + chocolat = 20 % de l’empreinte sol des produits alimentaires importés
  • La viande représente 8 % des importations en tonnes, 40 % des surfaces mobilisées et 71 % des émissions issues de la production des denrées importées.