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Le numérique au service des démarches bas carbone

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De l’Europe à la France, la comptabilisation du carbone stocké fait son chemin et avec elle une généralisation du calcul de l’empreinte carbone de l’agriculture. Pour accélérer la mise en place de projet bas carbone rémunérateurs, les outils numériques représentent un levier indispensable pour collecter, renseigner et traiter les données, tout en optimisant les coûts. Les chaires d’agriculture numérique et d’analyse du cycle de vie, Agrotic et Elsa-Pact, font le point.

Le numérique au service des démarches bas carbone
Le numérique au service des démarches bas carbone

Quels apports des outils numériques dans l’évaluation de l’empreinte carbone ? Alors que les projets de compensation carbone prennent de l’ampleur et que la validation de la méthode Label bas carbone pour les grandes cultures est imminente, les chaires Agrotic et Elsa-Pact, couvrant le numérique et l’utilisation de l’analyse du cycle de vie en agriculture, proposaient un séminaire exploratoire sur le sujet, le 13 avril. « L’agriculteur a un rôle à jouer dans la stratégie nationale bas carbone, explique Bruno Tisseyre, professeur titulaire de la chaire Agrotic. C’est le bon moment pour faire le point sur l’importance des outils et des méthodes, tout en étant vigilant sur le besoin de limiter le coût, la fiabilité et l’interopérabilité des données. »

Les méthodes bas carbone s’installent en France et en Europe

Qu’il s’agisse de l’échelle européenne ou française, le cadre institutionnel et les méthodes ne sont pas encore totalement stabilisés. La Commission a décidé de créer un cadre de certification carbone européen à destination des secteurs d’utilisation des terres, qui découle de la stratégie d’économie circulaire et Farm to fork. « Le cadre est en train de se mettre en place et les trois pistes de financement à ce stade sont : les marchés carbone volontaire, comme par exemple le Label bas carbone, les entreprises soumises au marché européen d’échange de quotas qui pourraient venir financer les projets bas carbone du secteur, et des aides publiques issues de la Pac. Ce cadre doit être opérationnel pour 2023 » commente Claudine Foucherot, Directrice de programme Agriculture et Forêt chez I4CE. L’Europe s’inspire de l’expérience française du Label bas carbone, dont les méthodes sont en cours d’agrément par l’Etat français, pour les grandes cultures notamment, et vont bientôt évoluer sur les cultures pérennes. « Il ne faut pas s’emballer mais nous devons rester proactifs », résume Philippe Roux, titulaire de la chaire Esla-Pact. 

Automatiser et réduire les coûts 

Dans ce cadre, le numérique apparaît comme un outil évident pour opérationnaliser et automatiser ces démarches. Le mot d’ordre est MRV, pour Monitoring Reporting Valorisation. Cette démarche se met en place tout en répondant aux enjeux des volumes de données à collecter, renseigner et traiter tout en optimisant les coûts. « Il faut sortir du déclaratif et bénéficier de données précises sur ce qui est effectivement mis en œuvre à l’échelle de l’exploitation voire de la parcelle :  les outils de l’agriculture de précision sont incontournable pour acquérir ces données sans alourdir les contraintes et les coûts associés à leur acquisition », analyse Bruno Tisseyre. Les séries temporelles d’images satellite présentent aussi un intérêt pour mieux caractériser les pratiques effectivement mises en œuvre, comme les cultures de couverture par exemple.

Ancrer dans le quotidien de l’agriculteur

Pour y parvenir, les intervenants insistent sur le besoin d’inscrire ces démarches dans le quotidien de l’agriculteur. « Les données de base nécessaires pour calculer une empreinte carbone sont globalement les mêmes que celles utiles pour élaborer des indicateurs de pilotage agroenvironnemental et technico-économique de l’exploitation… même si ce ne sont pas nécessairement les mêmes indicateurs calculés in fine », explique Philippe Roux. La labellisation carbone peut être perçue comme un levier rémunérateur qui justifie la mise en œuvre d’outils de traçage fins des opérations. Cependant, ce ne sera pas le seul levier à considérer pour justifier un enregistrement fin des opérations, comme l’explique Bruno Tisseyre : « Cet effort doit peut-être être récompensé par d’autres valorisations et notamment un retour sur le pilotage des cultures, qui associe conseiller et agriculteur dans une dynamique de progression vertueuse ». Le retour d’information direct à l’agriculteur paraît indispensable pour favoriser le déploiement et le remplissage des systèmes d’informations, comme par exemple un rapport individuel avec ses résultats comparés à des résultats de référence ou à ceux d’autres agriculteurs impliqués.