Les betteraviers appelés à réduire leur usage d’engrais azotés pour répondre à l’enjeu climat
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Pour réduire leur impact sur le climat, les betteraviers auront peu d’autres choix que de réduire leur utilisation d’engrais azotés, selon l’Institut technique de la betterave.
« Même avec le stockage du carbone dans le sol, il ne faut pas espérer avoir une culture de betterave neutre en carbone. Il faut donc adoucir son bilan », a indiqué Rémy Duval, animateur pôle agronomie agroéquipements de l’Institut technique de la betterave, ITB, le 3 mai lors d’un webinaire organisé avec l'Association recherche technique betteravière, ARTB, et les coopératives Tereos et Vivescia.
Les engrais loin devant les carburants
Le constat est sans appel : c’est la fertilisation azotée qui pèse le plus dans les émissions de gaz à effet de serre, GES. D’après les chiffres diffusés par l’ITB, elle émet 1648 kg éq CO2 par hectare, contre 392 pour les carburants qui arrivent ensuite. Pour réduire son impact carbone, l’agriculteur dispose de plusieurs leviers, comme le choix des formes d’engrais. « Des ammonitrates avec retardateurs de nitrification améliorent le bilan, indique-t-il. Tout comme l’enfouissement localisé. »
L’usage d’engrais organiques réduit le recours à la fertilisation azotée, tout en favorisant le stockage du carbone dans le sol. Mais là encore, l’agriculteur devra faire des choix car tous les produits organiques ne se valent pas. « Le fumier de bovin est plus émetteur que les fientes de volailles sèches, étaye Rémi Duval. Le mauvais choix est le compost des déchets verts. » Les experts préconisent également l’apport d’azote par un couvert d’interculture, avec notamment des associations entre des crucifères et des légumineuses. Quid des pratiques de travail du sol ? « On gagne quelques centaines d’équivalent CO2 par cette voie, indique l’ingénieur de l’ITB. Il vaut mieux repenser le système de culture et combiner des leviers. »
Les betteraviers face aux demandes de l’aval
La demande pour améliorer le bilan carbone pourrait venir de l’aval. « Déjà mis sous pression sur les coûts de production, les acheteurs de betterave vont devoir répondre à une règlementation plus contraignante, notamment dans le cadre de la loi climat et résilience, explique Louise Courchinoux, responsable adjointe carbone à l’ARTB. Or, les engrais azotés constituent l’empreinte carbone la plus importante. » Les betteraviers sont donc invités dès maintenant à réfléchir à des itinéraires techniques moins dépendants des fertilisants azotés.
Chiffres clés
Poids de la fertilisation azotée dans l’itinéraire cultural de la betterave, pour une dose de 100 unités d’azote minérale :
- Émissions de N2O au champ : 748 kg eq CO2
- Émissions de N2O par volatilisation : 52 kg eq CO2
- Émissions de N2O par lixiviation : 123 kg eq CO2
- Fabrication de l’engrais : 451 kg eq CO2
Total fertilisation : 1374 kg eq CO2 / 100 unités d’azote