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Recherche, les abeilles sous haute surveillance

Le | Recherche-developpement

Les projets d’études visant à comprendre le déclin des abeilles se multiplient. Le 14 décembre 2021, l’Anses a fait le point sur la question, lors d’un colloque dédié. L’occasion de faire un tour d’horizon des derniers travaux de recherche, d’expertise et de surveillance menés sur ces pollinisateurs indispensables à l’agriculture. 

Emilie Delmar, animatrice nationale de l’observatoire des mortalités et des affaiblissements de l’ab - © D.R.
Emilie Delmar, animatrice nationale de l’observatoire des mortalités et des affaiblissements de l’ab - © D.R.

Tous les deux ans, l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, organise une journée de rencontre sur les travaux de recherche, d’expertise et de surveillance menés sur les abeilles. La dernière s’est tenue le 14 décembre. Différents intervenants français et européens se sont succédés, montrant à quel point la problématique du déclin des pollinisateurs est travaillée.

Un observatoire des mortalités et affaiblissements bientôt national

L’observatoire des mortalités et des affaiblissements de l’abeille mellifère (Omaa), déployé de manière expérimentale en Bretagne et en Pays-de-la-Loire en 2017 puis en Auvergne-Rhône-Alpes en 2019, a permis de recueillir plus de 2 300 déclarations. « Ces retours sont encourageants, ils témoignent de la motivation des déclarants à signaler les troubles observés pour trouver des solutions adaptées, a souligné Emilie Delmar, animatrice nationale de l’observatoire (Inrae), lors de la journée de rencontre. Les déclarants sont les apiculteurs eux-mêmes dans près de 80 % des cas. »

Faire l’inventaire des mortalités et des affaiblissements des colonies d’abeilles a pour objectif de répondre aux attentes des apiculteurs mais également à celles des pouvoirs publics. L’observatoire permet en effet de mieux appréhender les raisons des déclins, d’alerter rapidement en cas d’augmentation anormale de ces déclins et de contribuer à la mise en place d’un maillage sanitaire opérationnel en filière apicole. « L’évaluation de la phase pilote de l’Omaa sera réalisée en 2022, a poursuivi Emilie Delmar. Elle servira à déployer l’observatoire au  niveau national de manière efficace. Cet objectif est une action phare du Plan national en faveur des insectes pollinisateurs et de la pollinisation 2021-2026. »

De son côté, l’enquête nationale sur les mortalités hivernales d’abeilles a remonté un taux de 24,8 % en 2021, contre 20,9 % en 2020, 21,3 % en 2019 et 29,4 % en 2018. Les analyses relatives à l’association entre mortalité et différents facteurs se poursuivent et devraient bientôt être publiées. Une même enquête, mais en saison, devrait par ailleurs voir le jour.

Des recherches européennes sur les pathogènes…

Le laboratoire de Sophia Antipolis de l’Anses a été officiellement nommé laboratoire de référence de l’Union européenne sur la santé des abeilles en 2011. Il participe à de nombreux projets de recherche, parmi lesquels figure le projet européen Poshbee. L’Agence coordonne le volet sur l’exposition des abeilles aux produits chimiques et à différents pathogènes. Un des travaux en cours vise à identifier et quantifier plus spécifiquement et plus rapidement onze pathogènes différents (virus, bactéries ou parasites) grâce à une technologie dédiée en cours de développement. Objectif : économiser du temps et du matériel. L’étude porte sur l’abeille mellifère, mais également sur le bourdon et l’osmie, une abeille sauvage solitaire.

… et sur les pesticides

L’exposition aux pesticides est également travaillée dans le cadre du projet Poshbee. Les chercheurs ont mis au point des échantillonneurs passifs pour mesurer directement les pesticides présents dans la ruche. Ce type d’outil, déjà utilisé pour mesurer les pesticides dans l’air ambiant extérieur, a été miniaturisé pour être inséré dans la ruche. Quatre-vingt-huit échantillonneurs ont été testés auprès d’apiculteurs européens entre avril et fin août 2021. Les résultats sont en cours d’analyse.

L’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, travaille quant à elle à la finalisation du document d’orientation visant à évaluer les risques des pesticides pour les abeilles au sein de l’Union européenne. « Ce document est attendu pour le deuxième trimestre 2022 », a précisé Agnès Rortais, coordinatrice des projets scientifiques à l’Efsa dans le domaine de l’évaluation des risques vis-à-vis de l’environnement, des abeilles et des insectes pollinisateurs.