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Un scénario pour décarboner la totalité de l’énergie utilisée en agriculture d’ici à 2050

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Pour le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux, CGAAER, le secteur agricole peut ambitionner la neutralité carbone dans sa consommation d’énergie, en 2050. Une étude datée de décembre 2022 montre toutefois qu’un virage doit être pris rapidement pour y parvenir.

Une des stations de bioGNV pionnières en France.  - © D.R.
Une des stations de bioGNV pionnières en France. - © D.R.

« Encourager le maximum de production et d’autoconsommation possibles des énergies renouvelables sur les exploitations agricoles. » C’est, résumé en une phrase, la direction suggérée par le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux, CGAAER, dans un rapport publié en décembre 2022. Ses auteurs estiment qu’il est possible de décarboner à 100 % le poste énergétique des exploitations d’ici à 2050, et ainsi contribuer à un quart des réductions d’émissions attendues du secteur à cet horizon dans le cadre de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC).

Jusqu’à 20 000 € de revenu annuel en plus par exploitation

Le CGAAER dresse trois scénarios, dont un seul, intitulé « les énergiculteurs », permet d’atteindre cet objectif. Il s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle 80 % des exploitations produisent des énergies renouvelables. À la clé, en plus de la réduction des émissions et d’une réduction de la facture énergétique : « une amélioration significative » du revenu des agriculteurs, via la revente de l’énergie non-autoconsommée. Ce bonus est évalué entre 5000 €/an et plus de 20 000 €/an et par exploitation en 2050, moyennant « un faible surcroît de travail ».

Décarboner les carburants, une priorité

Parmi les sept recommandations du CGAAER pour concrétiser ce scénario, cinq concernent directement l’évolution du cadre concernant les carburants utilisés pour les engins agricoles. L’une d’entre elles consiste à acter dès 2023 ou 2024 une sortie progressive de la détaxation du gazole agricole. Actuellement, cette détaxation représente 1,4 milliard d’euros par an. Une enveloppe qui serait à ré-affecter à un plan pluriannuel de subventions aux investissements de transition énergétique. Le CGAAER mise sur le bioGNV (issu de la méthanisation) et le biodiesel B100 pour se substituer au gazole sur les exploitations.

Photovoltaïque, le CGAAER moins prudent que le secteur

L’une des deux dernières recommandations est plus générale, suggérant la définition dans la Pac d’un éco-régime « Neutralité carbone » favorisant la transition énergétique de l’agriculture. Enfin, le CGAEER prône un assouplissement des règles concernant le développement des installations de panneaux photovoltaïques sur les exploitations agricoles, y compris au sol, « pour faciliter la production et l’autoconsommation de l’énergie solaire ». Sur ce dernier point, le CGAAER ne suit pas la tendance : les actuels débats sur l’agrivoltaïsme révèlent une réelle prudence du secteur agricole, qui souhaite un cadre strict en la matière.

Consulter le rapport.