C’est officiel, la fin de l’élimination des poussins mâles sera effective à la fin 2022
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Avec un peu de retard, le décret posant le cadre de l’interdiction d’éliminer les poussins mâles, en filière œufs, est paru le 6 février 2022. Un échéancier est fixé, en trois temps sur 2022, pour que cette pratique soit définitivement arrêtée au 31 décembre, au plus tard.
Annoncée comme une avancée forte de l’année 2022 en matière de bien-être animal, la fin du broyage des poussins mâles entre désormais dans le cadre de la loi. Le décret, paru le 6 février au journal officiel, pose un cadre à l’arrêt de toute forme d’élimination des poussins. Le calendrier est le suivant :
- au 1er mars, les cinq couvoirs français devront justifier de la commande de matériel permettant la mise en place d’une pratique alternative à l’élimination des mâles ;
- au 1er juin, les travaux d’installation de ces matériels devront être engagés ;
- au 31 décembre, enfin, les couvoirs devront être opérationnels et arrêter l’élimination des poussins mâles.
Rassurer et accompagner les couvoirs
« Dès juillet 2021, les cinq couvoirs concernés en France se sont mis en ordre de marche et ont soumis des demandes de financement dans le cadre de France Relance », précise-t-on dans l’entourage du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. Les couvoirs sont par ailleurs laissés libres quant à la méthode déployée pour arrêter l’élimination des poussins. Il a été décidé de sécuriser ces méthodes pendant cinq ans, autrement dit : « Ces changements ont un coût d’investissement et de fonctionnement, nous souhaitons donc rassurer les couvoirs sur le fait que nous n’imposerons pas de mesures différentes ou supplémentaires durant cette période », commentent les experts du ministère.
Mobiliser l’UE sur la question de l’élimination des poussins mâles
Alors que le chiffre régulièrement cité par la filière, estimant le surcoût de ce changement, est de 64 millions d’euros par an, le ministère évoque un montant plus proche des 50 M€. Au-delà de l’enveloppe de 10 M€ issue de France Relance évoquée dès la mi-2021, ces surcoûts seront pris en charge via des accords interprofessionnels, en négociation depuis plusieurs mois. « Un système de cotisation liant la distribution et les couvoirs est en cours de définition, afin que le changement n’ait pas d’impact sur les revenus des agriculteurs, ni ceux des maillons intermédiaires », précise-t-on encore du côté du ministère.
La France, enfin, espère que sa mobilisation, et celle de l’Allemagne sur ce sujet, va faire effet boule de neige en Europe. Sept États membres auraient déjà montré de l’intérêt.
Demi-satisfaction seulement, du côté de CIWF
Dès le 7 février, CIWF a publié un communiqué marquant sa satisfaction de voir un cadre enfin clair. L’ONG déplore toutefois que le sexage doive être réalisé au plus tard au quinzième jour d’incubation, quand les scientifiques affirment que l’activité cérébral de l’embryon commence dès le treizième jour, laissant envisager une sensibilité à la douleur. Autres regrets : le décret ne s’applique qu’aux poussins, et non aux canetons femelles de la filière foie gras ; l’absence de mesure de soutien pour les filières s’appuyant sur des races duales, productives aussi bien pour les œufs que pour la chair, et ne nécessitant pas d’élimination. L’entourage du ministre a justement abordé ces deux points. Il estime que les technologies ne sont pas à maturité pour l’ovosexage en filière canard, « mais la filière est mobilisée, et se pense capable d’être prête pour 2025 ». Concernant les souches duales, « c’est une possibilité, mais les filières privilégient, pour le moment, l’ovosexage », se défend le ministère.