Référence agro

La Bretagne adopte un plan de lutte contre les algues vertes « indispensable » mais « insuffisant »

Le | Reglementation

Les 83 conseillers régionaux de Bretagne se sont prononcés, le 14 octobre, sur un projet de document définissant les contours et ambitions du troisième plan de lutte contre les algues vertes, Plav, pour 2022-27. Si le texte a été adopté, compte tenu du poids de la majorité, cette dernière, tout comme les groupes d’opposition, a souligné les insuffisances du document et de la gouvernance de ce plan.

Loïg Chesnais-Girard, le président de la Région Bretagne, a animé une session du Conseil régional, l - © D.R.
Loïg Chesnais-Girard, le président de la Région Bretagne, a animé une session du Conseil régional, l - © D.R.

Avec 49 voix pour et 34 contre ou s’abstenant, le Conseil régional de Bretagne a officiellement adopté, le 14 octobre en session, le projet de troisième plan de lutte contre les algues vertes, Plav. Avec 40 conseillers à son actif, la majorité (1) n’avait besoin que de deux voix de plus pour faire passer ce texte, qu’elle a largement recueillies suite au ralliement des neuf conseillers centristes. Une réussite en demi-teinte, la majorité n’ayant apporté qu’un tiède soutien au document.

En cause ? Le pouvoir amoindri de la Région dans la gestion du Plav, en faveur de son copilote, l’État, qui récupère la gestion des aides du second pilier de la Pac et donc notamment des MAEc. « C’est une occasion ratée pour la Bretagne et ses agriculteurs, regrette Loïg Chesnais-Girard, le président de la Région, en conclusion des débats qui ont duré près de deux heures. Nous serons très exigeants avec l’État. Je vous l’assure, j’ai hésité à rester copilote. »

« Mieux vaut être à table qu’au menu »

Cette question du rôle de la Région dans le pilotage du Plan a largement animé les échanges entre les conseillers régionaux. « Si tu n’es pas à table, tu es au menu.  C’est ce qui nous pousse à rester, c’est le choix de la responsabilité », glisse lors de son discours en préambule des échanges le vice-président régional à l’agriculture Arnaud Lécuyer, qui pilotera le plan. Il travaillera en binôme avec Delphine Alexandre, en charge du dossier eau à la Région. « Ce troisième plan algues vertes n’est pas la continuité des deux précédents », assure néanmoins Arnaud Lécuyer, qui souligne aussi bien le manque d’audace du document que les efforts fournis sur le terrain pour baisser les concentrations de nitrates dans les masses d’eau. Davantage d’actions sur le foncier agricole étaient attendues.

Insatisfaction générale dans l’opposition

Si la présidence n’est pas totalement convaincue, les groupes de l’opposition sont pour leur part tous clairement déçus. Tous ont voté contre, à l’exception de Hissons haut la Bretagne (droite), qui s’est abstenu. Le rapport très critique de la Cour des comptes sur l’efficacité des Plav a été cité de nombreuses fois par les conseillers, qui n’ont pas caché leur opposition au document. « Répétition modeste du Plav2 » et « sacrifice » des agriculteurs pour Florent de Kersauson (RN), « démocratie régionale méprisée, le document étant à prendre en l’état » pour Christian Guyonvarc’h (Breizh a-gleiz ; gauche ), « des mesures insuffisantes et curatives pour limiter les fuites d’azote, quand le vrai enjeu est celui des apports », pour Valérie Tabart (Breizh a-gleiz), « un manque d’ambition qui interpelle », pour Christine Prigent (Les Écologistes de Bretagne), et enfin « la politique du bâton », pour Stéphane de Sallier Dupin (Hissons haut la Bretagne), qui fait référence aux objectifs qui seront à atteindre sur les zones soumises à contraintes environnementales, sous peine de sanction

Accompagner les agriculteurs

« J’aimerais bien qu’on souligne les efforts faits à savoir d’avoir fait baisser de 30 % les concentrations en nitrates dans les masses d’eau, plaide pour son part Olivier Allain, agriculteur et ancien président de la Région et de la Chambre d’agriculture. Le procès de l’élevage est fait ici par certains, mais attention à ne pas décourager. »

Si l’enjeu du nécessaire changement de modèle agricole est validé par la présidence, Loïg Chesnais-Girard a tenu à assurer de son soutien les exploitants. « Je veux que nous respections nos agriculteurs, sans eux la société ne fonctionne pas. » Après d’intenses discussions, le président de la Région se veut également optimiste. « Personne ne remet en cause le problème des nitrates et des algues vertes aujourd’hui, c’est déjà un très beau signal. »

(1) Groupe social-démocrate de Bretagne, Bretagne ma vie, Communistes et progressistes, Autonomie et régionalisme.