Pollinisateurs et phytos, l’Efsa publie son document d’orientation révisé
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Dix ans après sa première mouture, le document d’orientation de l’Efsa relatif à l’évaluation des risques liés aux pesticides vis-à-vis des pollinisateurs est enfin révisé et publié. Si les États membres l’adoptent, il modifiera les protocoles d’évaluation actuellement en vigueur, établis en 2002.
Comme annoncé le mois dernier, l’Efsa, l’autorité européenne de sécurité des aliments, a publié le 11 mai 2023 la révision de son document d’orientation relatif à l’évaluation des risques des pesticides vis-à-vis des pollinisateurs, ainsi qu’un document supplémentaire comprenant toutes les informations de référence, les collectes de données et les analyses. Une première version de ce document d’orientation, publiée en 2013, n’a jamais été adoptée, faute de consensus au sein des États membres de l’UE, raison pour laquelle la Commission européenne avait demandé en 2019 une actualisation complète. Cette version révisée a fait l’objet d’une consultation publique à l’automne 2022, dont les résultats sont publics.
La Commission européenne discutera, au sein du Scopaff, le Comité permanent des végétaux, prévu les 24 et 25 mai, des modifications à introduire dans les différents règlements d’exécution européens pour permettre l’approbation de ce document d’orientation. Le 13 juin 2023, l’Efsa organise une session d’information pour le présenter.
Une approche par paliers
Ce document révisé, dont la construction a été réalisée en consultant les États membres et les parties prenantes, décrit comment évaluer le risque pour les abeilles mellifères, les bourdons et les abeilles solitaires exposés aux produits phytosanitaires dans les zones agricoles. « Il tient compte des dernières connaissances scientifiques et contient les méthodologies les plus récentes pour la réalisation des évaluations des risques dans ce domaine », avance l’Efsa dans un communiqué en date du 11 mai.
Le document suit une approche par paliers, en commençant par une évaluation simple et en affinant le niveau de risque si nécessaire, pour évaluer l’exposition des pollinisateurs et les effets qui en résultent. Il couvre différents scénarios, comme les durées des effets (aigus et chroniques), les stades de vie (adultes et larves). Pour les abeilles mellifères, il considère les effets possibles à long terme d’une exposition à de faibles doses de produits et les préoccupations potentielles dues aux effets sublétaux. « Le document contient également des recommandations concernant les risques associés aux métabolites et aux mélanges de produits », précise l’Efsa.
« Pas à la hauteur des enjeux », selon Pollinis
Le jour même de la publication de ce document révisé, Pollinis faisait part, dans un communiqué, de sa déception : « Cette nouvelle version est un rendez-vous manqué dans la mise en place d’une véritable protection des pollinisateurs face aux risques des pesticides chimiques », souligne l’association. Cette dernière reconnaît « une avancée évidente » par rapport aux protocoles de 2002, toujours en vigueur, mais regrette une version moins ambitieuse que celle de 2013. Elle dénonce entre autres l’augmentation de 7 % à 10 % du seuil de taux de mortalité acceptable pour les abeilles domestiques, ainsi que l’absence de seuil de mortalité pour les abeilles sauvages, de mesure des effets cocktails et de prise en compte de certaines voies d’exposition comme la contamination de l’eau.