Risques liés aux pesticides, un collectif de mutuelles interpelle le Premier ministre
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Un ensemble de mutuelles était rassemblé au Sénat, le 5 février 2024, pour un colloque intitulé « Amiante et pesticides : des drames d’hier et aujourd’hui : pour demain quelles solutions ? ». Dans un communiqué diffusé le lendemain, le collectif interpelle le Premier ministre, Gabriel Attal, en lui adressant une liste de demandes afin de prévenir et réparer les préjudices liés, entre autres, aux produits phytosanitaires.
« Plus de 60 000 tonnes de pesticides sont utilisés chaque année. Les pesticides polluent l’air, l’eau, la terre, nos aliments et nos corps. Cela doit cesser ». Suite à leur colloque (« Amiante et pesticides : des drames d’hier et aujourd’hui : pour demain quelles solutions ? ») organisé au Sénat le 5 février 2024, 14 mutuelles* ont décliné leurs demandes au Premier ministre, Gabriel Attal, dans un communiqué publié le 6 février. Avec un but : interpeller les pouvoirs publics sur l’augmentation des maladies chroniques dues à l’amiante et aux produits phytosanitaires.
« L’assiette de nos enfants doit-elle être la variable d’ajustement ? »
Pour lutter contre les risques liés à ces derniers, quatre demandes ont été formulées par les mutuelles. La première d’entre elles concerne le fonds d’indemnisation des victimes des pesticides (FIVP). « Nous demandons qu’au même titre que les victimes de l’amiante, les professionnels victimes des pesticides obtiennent une réparation intégrale (incapacité fonctionnelle, perte de gains, frais résultant de la pathologie, préjudice moral et physique…) soit la prise en charge de tous les préjudices par les fabricants de pesticides et l’État, via le FIVP », font savoir les mutuelles. Leur deuxième revendication revient sur l’article 24 de la loi Egalim, publié en 2018 et fixant un objectif de 20 % de bio dans les cantines d’ici à 2022. « En 2023, nous en sommes à 7 % : cette trajectoire doit donc être amplifiée. À ceux qui brandissent le prix du bio et l’inflation comme arguments, questionnons-nous : l’assiette de nos enfants doit-elle être la variable d’ajustement ? », s’interroge le collectif.
La « mise en œuvre du scénario Inrae », pour une agriculture sans phytos en 2050
Plus loin, c’est contre un autre texte de loi non appliqué (CJUE C616/17, 01/10/2019, point 116), évaluant la toxicité des pesticides avant leur autorisation à la vente, que s’insurgent les mutuelles : « La Cour de justice de l’Union Européenne a établi en 2019 que les “tests sommaires” concernant la toxicité des pesticides dans leur formulation commerciale sont insuffisants pour répondre aux exigences du règlement », déplorent-elles. Enfin, les mutuelles enjoignent le chef du gouvernement à « mettre en œuvre le scénario Inrae pour une France et une Europe 100 % agroécologique ». Celui-ci se fonde sur une prospective dans laquelle l’institut identifie les leviers mobilisables et les trajectoires possibles pour supprimer les pesticides chimiques d’ici à 2050.
*La Mutuelle Familiale, Mutuelle du personnel du groupe RATP, Tutélaire, SMH, Mutuale, la Mutuelle Générale de Prévoyance, Nuoma Mutuelle, Mutami, Mutuelle de Bagneaux, Mutuelle des œuvres de la Méditerranée, Aubéane, 525e Mutuelle d’Entreprises, Unalis mutuelles et Alternatives Mutuelles