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Écophyto 2030, le ministère de l’Agriculture donne des précisions à Référence agro

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Écophyto 2030 n’aura pas pour unique visée la baisse d’usage des produits phytosanitaires, centrale dans les versions antérieures du plan. Approche de filière face aux impasses, gouvernance, financements, rôle des agrofournisseurs… le ministère de l’Agriculture livre sa stratégie à Référence agro.

Écophyto 2030, le ministère de l’Agriculture donne des précisions à Référence agro
Écophyto 2030, le ministère de l’Agriculture donne des précisions à Référence agro

Annoncé par Élisabeth Borne au Salon de l’agriculture, en février, le plan Écophyto 2030 est attendu pour l’automne 2023. Il vient en relais d’Écophyto 2+, qui arrive à terme en fin d’année, mais son périmètre se veut plus large. « Écophyto 2+ n’est qu’une brique d’Écophyto 2030, qui ne se cantonne pas à la problématique agronomique, mais embrasse davantage des thématiques de filière », résume une source, au sein du ministère de l’Agriculture, à Référence agro. Le Gouvernement affiche ainsi son intention de se placer du point de vue des filières pour aborder en particulier la question du retrait des molécules. En clair, tout doit être pensé non seulement pour réduire les usages de pesticides, mais aussi pour éviter des impasses qui pénaliseraient le secteur.

Une approche filière en premier lieu

Une posture qui se ressent dans la gouvernance d’Écophyto 2030. « Nous souhaitons tirer les enseignements d’Écophyto 2+, sur le fonds mais aussi concernant l’organisation », précise-t-on du côté de la rue de Varenne. L’objectif affiché est de mobiliser le plus largement possible. Le comité d’orientation et de suivi (COS) d’Écophyto est amené à perdurer, et sera d’ailleurs réuni « sous peu ». Mais dans un premier temps, c’est un travail par filière qui est enclenché. Des groupes spécifiques ont été mis sur pied. Par exemple, celui des céréales s’est réuni à la mi-mai. Jusqu’à fin juin, ces groupes doivent remonter leurs attentes et problématiques. « Sur les 450 substances autorisées en Europe actuellement, la moitié sera réévaluée dans les cinq ans, explique le ministère. Ces groupes se posent une question : quelles conséquences pour tel ou tel retrait ? »

Un comité interfilières a été initié le 2 mai. Il se rassemblera de nouveau une ou deux fois d’ici à l’été pour une prise de hauteur. Il réunit les ministères en charge de l’agriculture, de la recherche, de la transition écologique, de la santé, mais aussi l’Anses, Inrae et des représentants de la filière bio. Ce comité interfilières et le COS seront écoutés au moment de finaliser Écophyto 2030.

France 2030 pour financer Écophyto 2030

Les arbitrages financiers viendront ensuite. « Les dispositifs de financement découleront du travail actuel », confirment nos interlocuteurs au ministère de l’Agriculture. Il est d’ores et déjà précisé que France 2030 sera un outil privilégié, car particulièrement adapté « tant dans son calendrier de déploiement que dans son périmètre ». À la clé : expérimentations techniques, démonstrateurs territoriaux, aide à l’équipement des exploitations, mais aussi soutien des entreprises développant des alternatives aux pesticides, etc. Le plan national de recherche et d’innovation (PNRI) pour les néonicotinoïdes sur betterave, ou le plan phosmet pour le colza, ont généré « de belles dynamiques », précise-t-on encore rue de Varenne. S’il ne sera pas possible de dupliquer ce modèle pour chaque retrait de molécule, l’idée est de s’en inspirer.

Associer les firmes à Écophyto 2030

Quelle place pour les agrofournisseurs dans Écophyto 2030 ? À ce stade, Phyteis explique à Référence agro ne pas avoir été contacté par le Gouvernement. Pour autant, ce dernier compte sur la mobilisation du secteur. « Phyteis garde sa place dans le tour de table, dans le cadre du COS, et sera donc associé au suivi stratégique du plan, précise le ministère de l’Agriculture. Les firmes actives sur le marché du biocontrôle et sur la recherche d’alternatives permettant de réduire les volumes de produits phytosanitaires pourront aussi participer aux partenariats publics-privés mis en avant par le Gouvernement dans ses appels à projets. Enfin, des échanges bilatéraux avec les filières et les interprofessions sont nécessaires pour aborder les risques d’impasses au cas par cas. »

Pas question de passer outre la science

Les actualités récentes ont mis en exergue le fait que les avis de l’Anses et la position du ministère de l’Agriculture, autour de retraits de molécules, ne sont pas toujours alignés. Un phénomène conjoncturel, insiste le ministère de l’Agriculture : « L’avis scientifique et indépendant de l’Anses n’est pas remis en cause. La position de l’Anses sur le S-métolachlore a télescopé le calendrier européen, et le cas des phosphines relève d’une problématique juridique. Le politique s’exprime au cas par cas, mais à aucun moment, il n’est question pour le ministère de passer outre la science. »