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Écophyto 2030, le ministère précise les objectifs et le budget

Le | Politique

À l’occasion d’une réunion du COS Écophyto le 30 octobre, le ministère de l’Agriculture a précisé la répartition des 250 M€ de crédits supplémentaires affectés au nouveau plan, en confirmant un objectif de réduction de 50 % des produits phytosanitaires à l’horizon 2030.

Agnès Pannier-Runacher lance, ce 15 mars 2024, un cycle de réunions pour comparer les réglementation - © D.R.
Agnès Pannier-Runacher lance, ce 15 mars 2024, un cycle de réunions pour comparer les réglementation - © D.R.

À en croire l’entourage de Marc Fesneau, le plan Écophyto 2030, qui prendra le relais du plan Écophyto II + dès janvier 2024, « a pour ambition d’être plus global ». Lors d’une réunion du COS Écophyto le 30 octobre, les ministères en charge de ce plan - agriculture, transition écologique, biodiversité, et santé - en ont présenté les principaux axes et équilibres budgétaires. « Ce que nous en retenons, c’est qu’il s’agit plutôt d’un statut quo », résume Philippe Noyau, représentant des chambres d’agriculture lors de cette réunion.

Objectif repoussé et assoupli

De manière générale, le nouveau plan fixera une réduction de 50 % du Nodu (nombre de doses unités par hectare) à l’horizon 2030, par rapport à la référence triennale 2015-2017. « Il s’agit du même objectif, mais avec une échéance repoussée, et une nouvelle référence choisie dans une période où le Nodu est assez élevé », note Thomas Uthayakumar, directeur des programmes de la Fondation pour la Nature et pour l’Homme (FNH). Dans le détail, le nouveau plan marquera bien un recul de dix ans par rapport à l’objectif affiché dans la première mouture d’Écophyto publiée en 2009. Mais l’assouplissement sera aussi quantitatif : alors que le premier plan Écophyto fixait un objectif de Nodu à 41 Mha en 2020, le nouveau plan et sa référence triennale ciblent un Nodu de 50 Mha en 2030.

Principale inquiétude côté producteurs : le nouveau plan s’attaque aux zones sensibles pour la protection de l’eau ou de la nature. Des espaces qui « peuvent représenter beaucoup de surfaces », s’inquiète Philippe Noyau. S’alignant avec les travaux en cours sur le futur règlement européen sur les pesticides (SUR), le Gouvernement envisage ainsi d’avoir des actions ciblées dans les captages prioritaires, les zones Natura 2000, et autres zones vulnérables aux nitrates, notamment en mobilisant les Maec ou les aides à la conversion à l’agriculture biologique (CAB). « Les paiements pour services environnementaux seront difficiles à mobiliser : nous n’avons déjà plus assez d’argent dans les agences de l’eau », prévient Philippe Noyau.

Des précisions sur le budget d’Écophyto 2030

La réunion a également été l’occasion de détailler l’utilisation des 250 M€ de crédits supplémentaires promis par Marc Fesneau au mois de juillet 2023. La grande majorité, près de 140 M€, sera dédiée à la recherche et au développement d’alternatives au travers de plans de filières. Cette enveloppe visera notamment à financer la nouvelle stratégie annoncée en février 2023 par Élisabeth Borne, pour anticiper les suppressions de molécules dans chaque secteur. Les investissements en agroéquipements seront de leur côté dotés de 50 M€, en plus d’un accompagnement individualisé financé à hauteur de 8 M€, et d’un maintien de l’enveloppe du bulletin de santé végétale (BSV) pour 10 M€.

Dans cette nouvelle maquette, le ministère de l’Agriculture promet enfin que l’agriculture biologique continuera d’être « appuyée » comme dans les précédents plans, notamment au travers des Maec et des aides à la conversion. Mais alors que le secteur est en crise faute d’acheteurs, le plan n’a pas vocation à s’intéresser aux aides d’urgence, prévient l’entourage de Marc Fesneau. « Le secteur biologique porte des solutions alternatives aux pesticides, et l’objectif reste d’atteindre 18 % de surfaces certifiées. J’espère qu’il y aura un nouvel abondement des aides d’urgence au nom de la cohérence », prévient Philippe Camburet, président de la Fnab.

Comme l’ensemble des organisations consultées, la Fnab aura jusqu’au 30 novembre pour se prononcer sur les détails du nouveau plan.