Loi Climat, Julien Denormandie défend ses positions devant les sénateurs
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Alors que la loi Climat et résilience sera étudiée par le Sénat à partir du 15 juin, Julien Denormandie a été auditionné le 18 mai par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable. Il a réaffirmé son attachement à la souveraineté alimentaire et à la qualité nutritionnelle de l’alimentation.
La loi Climat et résilience a été adoptée par l’Assemblée nationale le 4 mai, et est désormais entre les mains des sénateurs. Ces derniers ont lancé une consultation auprès des élus locaux, et entendu plusieurs membres du gouvernement. Le 18 mai, c’était au tour de Julien Denormandie de répondre aux questions des sénateurs.
Des leviers pour limiter les engrais azotés
Il a commencé son intervention en rappelant l’importance de la souveraineté agroalimentaire et l’objectif de l’Etat de sortir de la dépendance au soja brésilien, grâce au plan protéines. Le ministre de l’Agriculture a rappelé que le développement d’une filière française des protéines végétales répond à plusieurs objectifs : asseoir la souveraineté nationale, limiter la déforestation importée, produire de l’azote naturel grâce à l’implantation de légumineuses.
C’est un des leviers qu’il a évoqués concernant la réduction des engrais azotés, en réponse aux inquiétudes des sénateurs qui voient dans le principe d’une redevance un risque de distorsion de concurrence et une mesure “punitive” envers les agriculteurs. “Le texte n’introduit pas de redevance azotée, a rappelé Julien Denormandie. Si l’on ne respecte pas les engagements pris à l’échelle européenne pendant deux ans, ce sera au Parlement de se saisir de la question. Le gouvernement n’a pas la possibilité de créer une redevance.” Il a toutefois rappelé plusieurs leviers mis en place par l’exécutif et permettant une réduction des apports en engrais minéraux , notamment le financement de l’agroéquipement par le Plan de relance et de la recherche par le Casdar (Compte d’affectation spéciale développement agricole et rural).
Menu dans les cantines et chèques alimentaires
Autres sujets de préoccupation pour les élus de la chambre haute : le menu végétarien à la cantine, les chèques alimentaires, la compétitivité des agriculteurs et les biocarburants. Si ce dernier sujet n’a pas fait l’objet d’une proposition de la part de la Convention citoyenne, Julien Denormandie a réaffirmé son intérêt pour cette filière, tout en rappelant que, comme pour la méthanisation, les cultures dédiées aux biocarburants ne devaient pas concurrencer les cultures alimentaires.
Sur l’alimentation dans les cantines, il a indiqué que l’expérimentation d’un repas végétarien par semaine, menée dans le cadre de la loi Egalim avait été un succès, et que le rapport d’impact était positif. Le gouvernement se dit favorable à la généralisation de cette pratique. Julien Denormandie a rappelé que la loi Climat renforçait les dispositions de la loi Egalim concernant l’origine des viandes, avec un minimum de 60 % de viandes en siqo au lieu des 50 % initialement prévus. “On a un défi de qualité nutritionnelle” a insisté le ministre. Concernant les chèques alimentaires, il a indiqué que ce dossier en cours de discussions ne constituerait pas une politique sociale, mais de santé. Les jeunes de 18 à 25 ans pourraient être un premier public cible de cette mesure sur laquelle l’Etat devrait se positionner d’ici 2022.
Captation de carbone et développement du bio
Concernant la compétitivité des agriculteurs en lien avec les enjeux environnementaux, Julien Denormandie s’est dit favorable à la reconnaissance de la captation du carbone par les agriculteurs, en particulier en grandes cultures. Il a révélé travailler sur le sujet avec les Jeunes agriculteurs : “Les méthodologies sont faites, il faut désormais créer les plateformes d’échanges pour valoriser le carbone et créer des revenus supplémentaires". Enfin, il a indiqué que les aides à l’agriculture biologique passeraient de 250 M€ par an à 340 M€, et qu’au terme du mandat présidentiel, les surfaces consacrées au bio auront augmenté de 50 %.