Marc Fesneau met en garde contre la multiplication des offres de conseil
Le | Politique
Le ministre de l’Agriculture était auditionné, le 16 novembre 2023, par la commission d’enquête sur l’échec des plans Écophyto. À cette occasion, il a été interrogé sur de nombreux sujets critiques, comme le déploiement difficile des conseils stratégiques sur les phytosanitaires, le financement des Maec ou encore les chiffres avancés par le Gouvernement concernant la baisse d’usage des produits phytosanitaires. Résumé.
Dans un document de travail envoyé aux parties prenantes dans le cadre de la préparation du futur plan Écophyto 2030, le Gouvernement se positionne en faveur d’une restructuration du conseil stratégique phytosanitaire. Une position qu’a défendue le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, lors de son audition par la commission d’enquête sur l’échec des plans Écophyto, le 16 novembre 2023. « Sur la notion de conseil, il faut que nous arrivions à avoir quelque chose de plus global. Je mets en garde contre la multiplication des conseils stratégiques sur les phytosanitaires, le carbone, le bien-être animal, la haie. Vous allez avoir des gens tous les matins dans les exploitations. » Répondant aux critiques du rapporteur de la mission Dominique Potier, sur la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires, Marc Fesneau appelle à ne pas « banaliser » le conseil qui irait vers cette multiplication incontrôlée de l’offre.
Batailles de chiffres
Le ministre a également dû répondre aux doutes exprimés par le rapporteur sur les chiffres concernant la réduction de l’usage des pesticides. Marc Fesneau s’est en effet félicité d’une baisse d’utilisation des produits phytosanitaires de l’ordre de 20 %, entre 2022 et la moyenne 2015-2017, rappelant les chiffres annoncés fin 2022. Des chiffres au sujet desquels Dominique Potier s’est dit « rester réservé ». « Quand nous regardons les chiffres sur la totalité, depuis le Grenelle de l’environnement (en 2007), en quantité de substances actives (QSA), nous n’observons des variations que de quelques pourcents ; en Nodu, nous n’avons pas bougé, pose le rapporteur. Nous ne souhaitons pas nous perdre dans des controverses qui seraient peut-être vaines, mais nous ferons état de l’ensemble des données disponibles. Nous noterons qu’il n’y a pas lieu de sauter de joie. »
Dans tous les cas, le ministre s’est montré mesuré en ce qui concerne l’objectif de se passer totalement de produits phytosanitaires en 2050. « L’agriculture serait donc le seul secteur d’activité qui ne pourrait pas utiliser de produits de nature chimique ? Je trouve cela curieux qu’on fasse appliquer à l’agriculture ce qu’on ne demande pas aux produits pharmaceutiques avec lesquels on se soigne, à la plasturgie, etc », estime le ministre.
Des budgets supplémentaires difficiles à trouver
Marc Fesneau a été amené à réagir sur des sujets européens, avec en premier lieu le plan stratégique national français, PSN, dont l’ambition environnementale a fait l’objet de nombreux questionnements. « Sous quelle pression avez-vous renoncé à faire un PSN plus ambitieux pour la transition sociale et agroécologique ? », a ainsi interrogé Dominique Potier. Réponse du principal intéressé : le PSN français a été l’un des premiers à être approuvé par la Commission européenne, ce qui témoignerait de sa qualité… bien que l’instance elle-même ait critiqué le document. »
Enfin, le ministre a une nouvelle fois réagi à la polémique actuelle sur le budget des Maec. Évoquant des réflexions en cours, le ministre a indiqué que les services de l’Etat étaient en train d’expertiser les engagements pris par les Agences de l’eau.