Référence agro

La feuille de route de décarbonation des grandes cultures ne sera pas prête pour la fin de l’année

Le | Projets-territoriaux

Selon Benjamin Lammert, le président de Terres Univia, le calendrier prévu pour finaliser la feuille de route de décarbonation des grandes cultures ne devrait pas être tenu. En cause : plusieurs interrogations de la part des parties prenantes agricoles, d’ordres économique et agronomique. Des inquiétudes qui semblent assez largement partagées.

La feuille de route de décarbonation des grandes cultures ne sera pas prête pour la fin de l’année
La feuille de route de décarbonation des grandes cultures ne sera pas prête pour la fin de l’année

Les travaux avaient été lancés en grandes pompes, fin février, au Salon de l’agriculture, par les ministres en charge de l’agriculture et de la transition écologique. Prévue pour décembre, la présentation de la feuille de route de décarbonation des filières grandes cultures pourrait finalement se faire encore attendre. « Nous ne serons pas prêts pour la fin de l’année, plusieurs questions se posent encore », a en effet indiqué Benjamin Lammert à Référence agro, en marge des rencontres Oléopro organisées fin novembre. Le président de Terres Univia cite plusieurs « inconnues » au niveau du système de production, sur lesquelles des éclaircissements sont attendus : « On nous dit de réduire notre usage d’engrais en augmentant la part des légumineuses dans les rotations : quels moyens de production aurons-nous pour ces cultures ? Des discussions ont lieu autour du plan Écophyto 2030, qui risque de renforcer des situations d’impasse sur les cultures de légumineuses. Enfin, au sujet de l’eau, à quel volume aurons-nous droit pour augmenter la biomasse disponible ? »

Sujet également abordé au congrès de l’AGPM

Le président de Terres Univia n’est pas le seul à formuler ces préoccupations. Le sujet a en effet également été abordé lors du congrès de l’Association générale des producteurs de maïs, AGPM, le 21 novembre. « Il faudra demain produire beaucoup plus de biomasse pour piéger le carbone et produire de l’oxygène, souligne Jean-Marc Schwartz, secrétaire général adjoint de l’AGPM. Pour cela, nous avons besoin de protéger les plantes, d’engrais décarbonés, d’avoir accès à l’eau, à de la génétique. »

Un modèle économique jugé instable

Au-delà des interrogations techniques, les inquiétudes sont aussi d’ordre économique, notamment en ce qui concerne la répartition de la plus-value créée. « À qui sera-t-elle attribuée, se demande ainsi Franck Laborde, le président de l’AGPM, à l’occasion du congrès de la filière. Nous nous sommes beaucoup investis dans la construction et le déploiement de la méthodologie grandes cultures du label bas carbone, mais nous constatons un problème de modèle économique dans certaines filières. » Faisant écho aux travaux en cours sur la feuille de route de décarbonation menée par Intercéréales, Franck Laborde prévient : « Nous considérons que les agriculteurs doivent tirer une partie des bénéfices générés, sinon nous n’arriverons pas à engager la masse nécessaire de producteurs pour atteindre les objectifs que nous nous sommes assignés. Nous sommes donc ouverts sur ce sujet, mais sous conditions », déclare-t-il, faisant ainsi écho aux propos de Benjamin Lammert.

À noter par ailleurs que la V2 de la méthodologie grandes cultures pour le label bas carbone se fait elle aussi attendre. En discussion depuis l’été 2022, elle devrait ouvrir la méthodologie aux biomatériaux et aux produits de substitution aux matières riches en protéines, et mieux segmenter les différents postes d’émissions.