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Projets alimentaires territoriaux, vers un changement d’échelle

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À la peine en 2020, les projets alimentaires territoriaux (PAT) ont vu leur nombre croître ces dernières années, grâce notamment aux fonds débloqués via France Relance. Pour garder cet élan, le soutien politique et financier doit être maintenu, et l’animation du réseau repensée. C’est ce qui ressort des interventions du premier Carrefour des PAT, organisé le 30 juin à Paris. De nombreux porteurs de projets avaient fait le déplacement.

De nombreux porteurs de PAT et de représentants des ministères sont intervenus, le 30 juin, lors du  - © D.R.
De nombreux porteurs de PAT et de représentants des ministères sont intervenus, le 30 juin, lors du - © D.R.

La salle était comble, à la Cité universitaire de Paris le 30 juin 2023, pour le premier Carrefour des PAT. « Près de 300 porteurs de projets alimentaires territoriaux sont ici, cet événement est déjà un succès de par leur nombre », se réjouit Laurent Duval, co-président de Terres en ville, qui anime le réseau national des PAT avec Chambres d’agriculture France. Ces démarches connaissent en effet une vraie dynamique depuis deux ans, en raison notamment de l’attribution, dans le cadre du Plan de relance, d’une enveloppe de 80 M€ pour accélérer leur mise en place. Résultat : près de 430 PAT sont aujourd’hui labellisés, contre 197 en 2020, six ans après leur création officielle, en 2014. Leur nombre se rapproche ainsi de l’objectif initialement fixé pour 2020, à savoir 500 PAT, revu à la baisse à un PAT par département en 2022, en raison du retard pris à l’époque. « Nous sentons un réel engouement », appuie Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne.

Lier les politiques alimentaires et climatiques

La question est désormais celle du changement d’échelle, le sujet même de l’événement. Pour cela, les intervenants, ministériels comme de terrain, appellent à capitaliser sur différents textes en cours de préparation. «  Au cours des discussions du groupe de travail sur l’adaptation au changement climatique, dans le cadre de la préparation du pacte et de la loi d’orientation et d’avenir agricole, PLOA, les PAT ont très souvent été cités, indique Cédric Prévost, sous-directeur de l’accompagnement des transitions alimentaire et agroécologique à la Direction générale de l’alimentation. Ceux-ci sont vus comme un instrument de déclinaison intéressant. »

Les regards sont également tournés vers la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat, SNANC, également en cours de rédaction, suite à la Loi Climat. « Cette stratégie a été proposée dans le cadre de la convention citoyenne, rappelle Cédric Prévost. C’est la première fois qu’une politique publique de l’alimentation a vocation à intégrer une dimension climatique. Cela témoigne d’une forte volonté de décloisonnement. » Selon lui, un premier jet doit être présenté à la rentrée, et être soumis à la consultation des parties prenantes. « C’est l’occasion de définir une stratégie en cohérence avec d’autres enjeux liés à l’alimentation durable, plaide Sarah Martin, cheffe du service agriculture, forêt et alimentation à l’Ademe. Beaucoup d’initiatives locales voient le jour mais nous attendons des pouvoirs publics qu’ils fixent un cap clair. »

Discussions estivales sur l’animation du réseau

Outre ce cadre législatif à construire, les intervenants insistent sur les changements à opérer dans l’animation du réseau, pour refléter les évolutions des PAT. « Les premiers projets étaient plutôt militants, rappelle Laurent Duval. Nous souhaitons aujourd’hui inclure l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire : les producteurs, les transformateurs, les distributeurs. Une révolution intellectuelle est à faire car nous sommes loin de la philosophie des débuts, focalisée sur les circuits courts. Nous voulons intégrer les circuits longs. » Terres en ville et Chambres d’agriculture France devraient faire des propositions au ministère de l’Agriculture durant l’été. « Nous avons besoin d’une structure capable d’animer et de poursuivre l’ensemble des travaux lancés, explique Laurent Duval. La question est ouverte sur le type de structure juridique que cela sera. » Très investi sur le sujet, notamment via la rédaction d’un rapport publié en avril 2022, le sénateur du Nord Frédéric Marchand, prévient néanmoins : « Le Plan de relance a apporté une bouffé d’oxygène, il faut que les moyens suivent pour que la dynamique ne retombe pas. L’année prochaine, en 2024, nous fêterons les dix ans des PAT. Le changement d’échelle doit intervenir maintenant. »

75 % des PAT suivis par les chambres d’agriculture

Chambres d’agriculture France est le co-pilote du réseau national des PAT. 75 % des projets sont suivis par ces soins et 160 agents du réseau des chambres sont mobilisés dans l’accompagnement d’au moins un projet. « Les PAT s’inscrivent dans le projet stratégique de CdA France en matière de renouvellement des actifs, de création de filière et de dialogue avec la société », assure Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne. Selon lui, un nombre croissant d’agents des chambres travaillent avec de nouveaux acteurs, issus par exemple de l’aide alimentaire ou du secteur logistique.