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Affichage environnemental, le bio « ne mérite pas forcément la meilleure note »

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Dans un article publié dans The conversation le 15 novembre, Valentin Bellassen, directeur de recherche chez Inrae, explique pourquoi le score environnemental attribué aux produits d’agriculture biologique n’est pas forcément meilleur que pour les produits conventionnels.

Affichage environnemental, le bio « ne mérite pas forcément la meilleure note »
Affichage environnemental, le bio « ne mérite pas forcément la meilleure note »

« Si l’agriculture biologique mérite d’être subventionnée par les agences de l’eau pour la protection des points de captage, elle ne mérite pas forcément la meilleure note dans le cadre de l’affichage environnemental. » Valentin Bellasen, directeur de recherche à Inrae, a tenu à faire le point, le 15 novembre, dans la revue The Conversation, sur la méthodologie la plus adéquate pour élaborer le score environnemental d’un produit biosourcé. Dès le 1er janvier 2024, celui-ci devra figurer sur les aliments et textiles, ce qui provoque de vifs débats. La pertinence de la méthodologie utilisée, l’analyse de cycle de vie ou ACV, est questionnée par plusieurs filières, qui lui reprochent notamment d’attribuer de mauvaises notes à l’agriculture biologique.

Attribuer le poids le plus fort au changement climatique

Dans cet article, le directeur de recherche explique tout d’abord que l’évaluation multicritère ne peut se résumer à une moyenne non pondérée des impacts sur les différentes composantes de l’environnement. Il trouve ainsi logique le choix opéré par le Product Environmental Footprint, méthode européenne pour concevoir l’affichage environnemental, d’attribuer le poids le plus fort au changement climatique. Valentin Bellassen justifie ce choix à l’aide de plusieurs arguments, dont le fait que la diminution de l’empreinte carbone entraîne le plus souvent une amélioration de la plupart des autres impacts environnementaux.

L’empreinte carbone du bio proche du conventionnel

« Plusieurs méta-analyses convergent pour dire qu’il n’y a pas de différence marquée entre bio et conventionnel sur l’empreinte carbone, continue Valentin Bellassen. Si l’absence d’engrais minéraux diminue fortement les émissions des fermes biologiques, cette baisse est compensée par leur moindre productivité, et notamment l’allongement de la durée de vie des animaux pour atteindre un poids donné. » Selon lui, les productions végétales biologiques pourraient toutefois tirer leur épingle du jeu avec une empreinte carbone plus faible d’une dizaine de pour cent, en précisant tout de même que « ces résultats restent à confirmer ».

Sur la pollution de l’eau, une différence non significative

Sur la consommation d’eau, le directeur de recherche d’Inrae explique que les produits certifiés AB sont « plus sobres, d’environ 30 % par hectare et 15 % par tonne. Pour ce qui est de la pollution de l’eau aux nitrates, l’agriculture biologique emploie de 30 % à 60 % de moins d’azote par hectare. Mais ramenée à la tonne de produit, la différence n’est plus significative. En effet, malgré l’absence d’azote minéral, les fermes biologiques restent consommatrices d’azote organique et ont par ailleurs des rendements inférieurs. »