Betteraves, l’Anses identifie 22 solutions alternatives aux néonicotinoïdes
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Les betteraviers disposent d’une dérogation pour avoir recours aux néonicotinoïdes jusqu’en 2023. Pour lutter contre les pucerons vecteurs de la jaunisse, l’Anses a identifié 22 solutions alternatives : quatre à court terme et dix-huit dans un délai de deux à trois ans. L’utilisation de plusieurs produits ou méthodes en association sera à envisager pour obtenir un niveau d’efficacité suffisant et éviter l’apparition de résistances chez les pucerons.
La loi n° 2020-1578 du 14 décembre 2020, parue au Journal officiel du 15 décembre 2020, prévoit la possibilité d’autoriser de façon dérogatoire, jusqu’au 1er juillet 2023, l’utilisation de semences de betteraves sucrières traitées avec des produits phytosanitaires contenant des néonicotinoïdes ; une autorisation a déjà été accordée en 2021. Mais après ? Dans une mise à jour de son avis de 2018 sur les alternatives aux néonicotinoïdes, l’Anses a identifié 22 solutions pour lutter contre les pucerons Aphis fabae et Myzus persicae qui transmettent la jaunisse. “Ces solutions alternatives, qui présentent des efficacités correctes mais insuffisantes en utilisation seule, nécessiteront une approche de lutte intégrée pour atteindre une efficacité suffisante, voire une évolution des pratiques culturales”, prévient l’Agence.
Ces résultats émanent d’une démarche d’analyse de la littérature scientifique et l’étude de près de 4 000 articles relatifs à la lutte contre les pucerons Aphis fabae et Myzus persicae, dont moins de 10 % ont trait à la culture de la betterave, regrettent les experts.
Quatre solutions à court terme
L’Anses propose, en solution de remplacement à court terme, deux produits phytopharmaceutiques de synthèse : spécialités à base de flonicamide (Teppeki) et de spirotétramate (Movento, qui a obtenu plusieurs dérogations de 120 jours). Mais les experts rappellent que les risques d’apparition de populations de pucerons résistantes sont grands à court terme dans le cas d’applications répétées à grande échelle.
Deux pratiques à mettre en œuvre dans les parcelles cultivées afin de réduire les populations de pucerons sont également avancées : le paillage et la fertilisation organique à l’aide de vermicompost, afin de contrôler les apports d’azote.
Dix-huit moyens de lutte dans un délai de deux à trois ans
Dix-huit autres moyens de lutte, qui devraient être disponibles dans un délai de deux à trois ans, ont été identifiés et nécessitent d’être étudiés en association, dans une approche de lutte intégrée. À noter que certains produits phytopharmaceutiques utilisés pour d’autres cultures pourraient bénéficier d’une extension d’usage de leurs autorisations de mise sur le marché.
Ces autres moyens relèvent de sept familles de méthodes de lutte différentes : les produits phytopharmaceutiques de synthèse (indoxacarbe, abamectine, benzoate d’émamectine, cyantraniliprole), ceux d’origine naturelle (huile de neem, huile essentielle d’orange, spinosad), la lutte culturale (plantes services), les micro-organismes (Beauveria bassiana, Lecanicillium muscarium) et macro-organismes (Aphidius sp., Chrysoperla carnea), les variétés de betteraves résistantes au virus de la jaunisse, l’emploi d’huiles minérales et organiques, et celui de stimulateurs de défenses des plantes (acibenzolar-S-méthyl, huile de paraffine).
Trois axes de recherche et développement
Le groupe de travail ayant conduit l’analyse suggère trois axes de recherche et développement. Les experts conseillent d’améliorer l’épidémiosurveillance des populations de pucerons et des virus associées dans les cultures de betteraves, et de développer des modèles prédictifs du risque de dégâts de jaunisse afin de limiter les applications dans l’espace et le temps, ainsi que des agroéquipements permettant d’optimiser la qualité d’application des produits, notamment pour atteindre la face inférieure des feuilles.
Ils recommandent ensuite de concentrer l’effort de recherche et développement sur la sélection génétique pour la résistance de la betterave aux virus de la jaunisse et sur le transfert à la betterave de solutions existantes sur d’autres cultures. Enfin, les experts préconisent d’étudier la complémentarité de chaque méthode de lutte et de réfléchir dès maintenant à leur combinaison dans une approche de lutte intégrée, en les intégrant dans l’itinéraire technique de la culture et dans la mosaïque paysagère. Le groupe de travail signale par ailleurs que de nouveaux travaux d’expertise seraient nécessaires pour analyser les enjeux socio-économiques associés à ces solutions alternatives et à leurs conséquences pour la santé des hommes et de l’environnement.