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Des céréales sans traitement de semences, c’est possible selon la Chambre d’agriculture du Grand-Est

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Le projet Fast a pour objectif d’évaluer les performances techniques et économiques de systèmes de culture n’utilisant plus de traitements de semences, notamment sur céréales. Des premiers résultats ont été dévoilés le 24 mars.

Des céréales sans traitement de semences, c’est possible selon la Chambre d’agriculture du Grand-Est
Des céréales sans traitement de semences, c’est possible selon la Chambre d’agriculture du Grand-Est

Les résultats sont prometteurs. La Chambre d’agriculture du Grand-Est a dévoilé, le 24 mars en visioconférence, un premier bilan du projet Fast qui analyse les performances technico-économiques des systèmes de culture sans traitements de semences, TS, et à faible usage de produits phytosanitaires.  Lancé en 2019, il sera finalisé en 2024. 32 systèmes sont testés chez des agriculteurs de groupes Dephy, dans le cadre du plan Écophyto. « Il existe peu de référence, car 94 % des semences sont traitées en céréales », explique Véronique Laudinot, animatrice écophyto à la Chambre d’agriculture. Toutes les grandes cultures sont concernées puisque sept à neuf espèces différentes sont étudiées chaque année. « Le blé d’hiver et le maïs sont presque toujours présents, poursuit-elle. Nous avons également du triticale, sorgho, pois, soja, ou encore du tournesol. »

La santé avant tout

Pourquoi ne plus utiliser de traitement de semences ? « Ce n’est pas un calcul économique puisque le gain n’est que de six à huit euros par hectare, indique Véronique Laudinot. La motivation relève surtout de préoccupation environnementale avec la réduction d’un point d’Indicateur de fréquence de traitement, IFT, et de santé car les profils écotoxicologiques des TS sont peu favorables »

Des pertes de rendement « mineures »

Les premiers résultats, obtenus de 2019 à 2021, sont positifs. Si les pertes à la levée sont supérieures à des semences traitées, cela reste raisonnable. « Trois essais sur vingt décrochent chaque année », livre l’animatrice écophyto. Les pertes de rendement sont, elles, qualifiées de « mineures ».

Bien gérer la carie dans les lots de semence

Un focus a été fait sur la gestion de la carie, la bête noire des traitements de semences sur blé. Des règles de décision ont été bâties sur l’utilisation des lots de semences selon la présence du champignon décelée par analyse. Ainsi, si un à cinq spores par grain, soit environ mille spores par gramme, sont décelés, le lot de semence est traité au vinaigre. S’il y en a plus, alors le lot n’est pas utilisé. « Nous avons été surpris de voir que toutes les semences fermières ont un fond de carie, même s’il est inférieur au seuil, indique Véronique Laudinot. Il faut faire un tri très rigoureux, réaliser une analyse carie systématiquement et suivre une règle de décision. »

Partenariat avec EMC2 sur l’approvisionnement en semences

Pour utiliser des semences sans traitement, la Chambre d’agriculture recommande également d’anticiper les assolements pour pouvoir commander des semences non traitées. « C’est la disponibilité en semences certifiées qui posent le plus de problème, reconnaît-elle. Nous avons eu la chance de travailler avec la coopérative EMC2 qui était capable de nous en fournir. Nous avons aussi été confrontés à un délai important pour les analyses carie. »