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Les plateformes d’expérimentation, des exploitations (presque) comme les autres

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Si la commercialisation n’est pas l’objectif premier des plateformes d’essais, elles n’en récoltent pas moins plusieurs tonnes de cultures chaque année. Quel débouché pour ces productions, parfois atypiques ? Réponse avec l’Unité expérimentale du domaine d’Époisse, près de Dijon, gérée par Inrae.

Pascal Marget, directeur de l’Unité expérimentale du domaine d’Époisse pour Inrae. - © D.R.
Pascal Marget, directeur de l’Unité expérimentale du domaine d’Époisse pour Inrae. - © D.R.

Que font les plateformes d’essais de leurs récoltes ? Quelles sont les particularités de celles-ci ? La visite de l’Unité expérimentale du domaine d’Époisse, U2E, lors de la conférence scientifique européenne organisée par Inrae les 2 et 3 juin, a été l’occasion d’aborder ces questions. Les 50 parcelles du domaine situé près de Dijon couvrent 130 hectares, produisant approximativement 400 tonnes par an. Un volume non négligeable. « Le domaine a le statut d’exploitation agricole, introduit Pascal Marget, qui dirige l’U2E. Nous touchons, par exemple, les aides Pac. » Pas de raison, a priori, de considérer les productions comme différentes de celles des fermes environnantes. L’U2E expédie ses moissons à deux organismes stockeurs locaux, Dijon Céréales, pour 300 tonnes de céréales et protéagineux notamment, et les Établissements Bresson, pour 100 tonnes de soja et de « petites cultures », comme les appelle Pascal Marget (moutarde, luzerne, lupin, féveroles…).

L’alimentation humaine, débouché pas toujours accessible

La spécificité des productions tient davantage à leur qualité. Sur l’U2E, les essais portent sur le sans pesticides, la limitation du travail du sol, l’absence d’apport d’azote… ce qui pousse les chercheurs à innover, et le résultat n’est pas toujours au rendez-vous. « Notre vocation, c’est de produire à destination de l’alimentation humaine, rappelle Pascal Marget. Malheureusement, il n’est pas rare que nos productions soient déclassées, et fléchées vers l’alimentation animale. »

Des récoltes parfois atypiques pour les plateformes d’essai

Il évoque un cas d’école : celui des mélanges. Les associations de cultures ne sont pas rares sur l’U2E. « L’objectif est de vendre aux OS la récolte brute, et de les laisser faire le tri, expose Pascal Marget. Mais pour eux, les règles sont strictes, notamment pour ce qui concerne la surveillance du gluten, ce qui impose un tri de qualité dans le cas des mélanges céréales/légumineuses. » Dans certains cas, les OS refusent les lots, car le tri est trop onéreux compte tenu des volumes impliqués. Dans ce cas, c’est l’U2E qui doit gérer elle-même cette opération, en faisant appel à un trieur à façon qui vient réaliser le tri sur le domaine.

Pas de cahier des charges

En tant que fournisseur de grain, l’U2E est-elle amenée à s’investir dans les projets des OS ? Dijon Céréales, par exemple, mise sur la méthanisation et sur les filières de qualité. « La méthanisation n’est pas un objectif en soi pour l’U2E, répond Pascal Marget. On ne s’interdit rien pour l’avenir, et certaines intercultures ici pourraient avoir une vocation énergétique, mais le focus reste sur l’alimentation humaine. » Quant aux signes de qualité et cahiers des charges, Inrae préfère ne pas s’engager. « Nous n’avons pas de bio, de HVE ou de Siqo, essentiellement parce que nos méthodes nous obligent à avoir une grande agilité, et une liberté de pratiques, ce qui n’est pas compatible avec les cahiers des charges, contraignants par nature. »