Conseil stratégique, les moyens disponibles sont insuffisants dans le Grand Est
Le | Reglementation
Dans le Grand Est, le déploiement du conseil stratégique pose question. Les moyens disponibles devraient permettre de ne toucher qu’un agriculteur sur quatre. Explications avec Véronique Laudinot, animatrice régionale Ecophyto à la Chambre d’agriculture.
Après le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture, APCA, Sébastien Windsor, et la Chambre d’agriculture de Bretagne, c’est au tour de celle du Grand Est de manifester des inquiétudes quant à la mise en œuvre du conseil stratégique chez les exploitants. Dans la région, la majorité des distributeurs ont penché du côté de la vente, dans le cadre de la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires, augmentant l’ampleur du défi à relever. « Nous avons 19 000 conseils stratégiques phytosanitaires, CSP, à effectuer d’ici à fin 2023, explique Véronique Laudinot, animatrice régionale Ecophyto à la Chambre d’agriculture du Grand Est. Or, actuellement, nous avons les moyens humains pour n’en réaliser qu’un quart. » Cinq ETP sont mobilisés, les conseillers étant également occupés par d’autres missions. « C’est trop peu par rapport à la demande des prochaines années », regrette-t-elle.
Des difficultés de recrutement
Recruter d’autres conseillers ne s’avère néanmoins pas chose aisée, qu’il s’agisse du conseil stratégique phytosanitaire ou du conseil spécifique. « Trouver des conseillers qui veulent bien parler des produits phytosanitaires est de plus en plus compliqué, assure Véronique Laudinot. C’est un vrai enjeu pour nous. » D’autres acteurs pourraient ainsi investir le champ du conseil stratégique. « Il faudra bien que le conseil soit déployé, pose l’animatrice Ecophyto. Des bureaux d’étude privés proposent d’ores et déjà ce service dans la région. »
Manque de visibilité sur les CSP déjà effectués
À ces difficultés s’ajoute celle du manque de visibilité sur le nombre de CSP déjà effectués, et sur la manière dont les agriculteurs vont anticiper, ou non, la demande de la réalisation de ce conseil. « Si tout le monde s’y prend au dernier moment, nous pourrons d’autant moins répondre aux demandes, constate Véronique Laudinot. Tout cela est lié à la date de renouvellement du certiphyto, dont l’obtention est conditionnée à la réalisation du CSP, information que nous n’avons pas forcément. » Selon elle, plusieurs chambres ont proposé des offres promotionnelles, en 2021, pour inciter les agriculteurs à s’intéresser au CSP. Dans le Grand Est, de premiers partages d’expérience devraient être organisés cet hiver.
La Chambre attentive au déploiement de la HVE
Les exploitations labellisées HVE étant exemptées de CSP, l’animatrice régionale Ecophyto suit de près les travaux en cours sur la révision du cahier des charges de la certification. « La capacité des exploitations à répondre au nouveau référentiel HVE et l’accompagnement du déploiement par les filières sont des éléments majeurs dans l’équation », indique-t-elle. Véronique Laudinot demeure néanmoins optimiste, la Chambre n’ayant commencé à communiquer sur le sujet que depuis quelques mois. « Je suis persuadée que le conseil stratégique est une bonne opportunité d’engager des alternatives. C’est encore tout nouveau, nous aurons une meilleure visibilité sur ces questions courant 2022. »