Les acteurs du bio ne se satisfont (toujours) pas des décisions gouvernementales
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En marge des réjouissances liées aux 15 ans du fonds Avenir bio, de nombreuses parties prenantes de la filière AB ont exprimé leur agacement, le 7 décembre. En cause : un gouvernement dont la mobilisation, face à la crise actuelle du bio, est jugée insatisfaisante.
La célébration des 15 ans d’Avenir bio, le 7 décembre, n’a pas été uniquement l’occasion de félicitations et de témoignages positifs. Un certain nombre de participants y sont allé de leur commentaire politique. Le contexte actuel, autour de la bio, s’y prête particulièrement : le secteur traverse une crise de consommation, et si le gouvernement a engagé des mesures, l’ambiance n’est pas à la satisfaction.
« Difficile de trouver des millions pour le bio »
Loïc Guines, président de l’Agence bio, constate « qu’il est difficile de trouver des millions pour le bio ». Présent lors des dernières réunions Écophyto, il estime que la place réservée au bio dans le plan de réduction d’usages des pesticides n’est pas à la hauteur. « Il me semble essentiel que les ministères de la Santé et de la Transition écologique soient en première ligne pour soutenir notre filière », affirme-t-il. Il affirme que les aménités positives du label pour l’environnement ne doivent pas simplement se traduire dans le prix des produits, mais doivent générer une autre économie, structurelle, du type paiements pour services environnementaux (PSE).
À la recherche d’un momentum politique
En marge des interventions à la tribune, le président de la Fnab, Philippe Camburet, livre à Référence agro une analyse amère de la situation. S’il reconnaît que l’augmentation de l’enveloppe dédiée aux exploitations en crise « est une bonne nouvelle », il épingle des signaux politiques ambigus de la part du gouvernement. L’aide de 271 M€ pour la filière, octroyée par les députés de différents partis dans le PLF 2024 n’a pas survécu au 49.3. La Fnab n’espère pas que cet élan en faveur du bio se concrétise sous une autre forme : « Le momentum politique autour de ces 271 M€ était porteur d’espoir, mais il est passé », commente Philippe Camburet. Plusieurs intervenants ont également tiqué sur le revirement du gouvernement concernant l’augmentation de la RPD, prévu dans ce même PLF, déplorant les 37 M€ qu’elle devait apporter aux agences de l’eau pour soutenir les modes de production vertueux, dont le bio.
La planification écologique comme lueur d’espoir
Même son de cloche, entre scepticisme et déception, concernant les 120 M€ dont la bio devait bénéficier à travers un ajustement express de la restauration collective publique. En mai, le ministère de l’Agriculture faisait savoir qu’il presserait les responsables de l’approvisionnement de s’aligner sur les objectifs de la loi Égalim, soit 20 % de bio dans les cantines. Ce taux n’atteint que les 13 %, selon le ministère. Le jour même des 15 ans d’Avenir bio, Marc Fesneau participait au Conseil national de la restauration collective (CNRC), pendant lequel il a annoncé la publication d’une feuille de route dédiée à cet enjeu… pour le premier trimestre 2024. « Ces 120 M€ étaient annoncés d’ici à la fin 2023 », rappelle Philippe Camburet.
Dans ce contexte morose, une éclaircie est toutefois envisagée : la planification écologique. « Le gouvernement est en train d’essayer d’harmoniser ses différentes actions politiques, explique Philippe Camburet. Je veux croire que cette approche transversale permettra de resituer le bio à la place qu’il mérite, au regard de ses nombreux atouts environnementaux. »