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Affichage environnemental, le rapport de l’Iddri éclaire la transition agroécologique

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Révéler les visions derrière l’affichage environnemental pour construire un compromis politique. Le rapport de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) remis la semaine dernière au conseil scientifique de l’expérimentation nationale représente une contribution majeure au bilan du projet gouvernemental : il éclaire les futurs possibles de la transition agricole et alimentaire, selon la méthode choisie.

Affichage environnemental, le rapport de l’Iddri éclaire la transition agroécologique
Affichage environnemental, le rapport de l’Iddri éclaire la transition agroécologique

D’un côté, une bifurcation vers un modèle agroécologique plus extensif ; de l’autre, une relative continuité avec le système intensif actuel. Telle est la principale conclusion du rapport de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) sur l’affichage environnemental, diffusé le 26 octobre et présenté au comité de pilotage de l’expérimentation nationale. Alors que les discussions techniques sur l’analyse de cycle de vie sont nombreuses, le rapport de l’Iddri prend de la hauteur pour « reconnecter les débats méthodologiques sur l’affichage avec des visions politiques » selon ses auteurs.

Agroécologie versus intensification durable

Vers quelles transitions nous amènent les dispositifs d’affichage environnemental ? Après dix-huit mois d’expérimentation, le temps de la décision politique arrive. Pour l’éclairer, l’Iddri a analysé les deux méthodes les plus prometteuses, l’Éco-score et le Planet-score, et dessiné les futurs proposés par chacune d’entre elles. Le résultat est sans appel : alors que l’Éco-score entraîne une intensification durable, avec une diminution notable de la consommation des produits d’origine animale, le Planet-score conduit à un modèle agroécologique qui privilégie notamment la complémentarité entre les cultures animales et végétales pour s’affranchir des engrais azotés.

2 projets retenus sur 18 déposés

Sur les 18 projets d’affichage proposés à l’expérimentation, seuls l’Éco-score et le Planet-Score sont considérés comme répondant à l’enjeu majeur de l’affichage environnemental, comme le définit son conseil scientifique dans un rapport diffusé le 21 octobre. Le dispositif ne doit pas exclusivement orienter le consommateur vers des choix qui le conduisent à des « substitutions intra-catégories et donc vers des produits différenciés plus chers parce que plus vertueux ». Afin d’éviter une augmentation des dépenses alimentaires des Français et inciter les consommateurs à modifier leur régime alimentaire, le conseil scientifique plaident pour un affichage qui combine « des substitutions vers des produits reposant sur des modes de production plus exigeants (substitutions intra-catégories) et des déplacements vers des catégories alimentaires moins impactantes pour l’environnement (inter-catégories) ».

La nécessité d’une méthode officielle

En conclusion de son rapport, l’Iddri questionne l’avenir de l’affichage environnemental en France et en Europe. Alors que le Nutri-score n’a toujours pas été adopté par la Commission européenne, six ans après son lancement, les auteurs pensent « peu probable que l’AE devienne obligatoire en France, car une telle disposition pourrait être contestée par les autres États membres en tant qu’entrave à la liberté de circulation des marchandises ». Ils plaident alors pour que la France propose « une méthodologie officielle d’AE, afin que les entreprises puissent le développer de manière volontaire ». Dans ce contexte, le Planet-score séduit de plus en plus d’acteurs et lance une expérimentation à grande échelle.