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La fertilisation azotée, enjeu central du Plan climat du ministère de l’Agriculture

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Le ministère de l’Agriculture a dévoilé, le 23 juin, son plan d’action climat, pour atteindre les objectifs fixés par la Stratégie nationale bas carbone. La réduction des engrais azotés, la captation de carbone, le développement des PAT, du bio et de la HVE font partie des lignes directrices du plan.

La fertilisation azotée, enjeu central du Plan climat du ministère de l’Agriculture
La fertilisation azotée, enjeu central du Plan climat du ministère de l’Agriculture

Après le ministère de la Transition écologique en avril, c’est au tour de celui en charge de l’Agriculture de présenter son Plan d’action climat . Le Premier ministre avait demandé à quatre ministères*, fin 2020, d’établir un document leur permettant d’atteindre les objectifs de la Stratégie national bas carbone (SNBC) et du Plan national d’adaptation au changement climatique (2018-2022). « La récurrence des épisodes de sécheresse, ou de gel, révèle de manière exacerbée la nécessité et l’urgence d’engager un plan d’action permettant à la fois une bonne gestion et un partage équilibré des ressources, une meilleure adaptation des exploitations et des filières agricoles au changement climatique et un accompagnement plus efficace du monde agricole », introduit le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, dans le document diffusé le 23 juin.

L’enjeu central de la fertilisation azotée

Découpé en six grands axes (voir encadré), découplés en plusieurs actions, le plan synthétise les nombreuses mesures engagées par le ministère, dans le cadre notamment du Plan de relance, de la loi Egalim, ou du Varenne agricole, et des ambitions portées par le projet de loi Climat. Parmi les priorités citées par le rapport, la question de la fertilisation azotée. « Réduire les engrais de synthèse passera par le recours aux fertilisants organiques et le développement des légumineuses. Ceci doit être central dans nos politiques agricoles », affirme Julien Denormandie. Pour cela, plusieurs objectifs sont fixés, dont la réduction des surplus azotés, l’optimisation de l’usage des fertilisants organiques ou le développement des légumineuses, comme cela est prévu dans le Plan protéines. Le ministère compte sur le déploiement du Plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (Prepa) jusqu’à 2025 (LIEN). Les chambres d’agriculture sont également appelées à poursuivre « par des actions de conseil » l’accompagnement des agriculteurs et des collectivités locales pour mieux valoriser les « matières fertilisantes issues du recyclage de qualité sur les sols agricoles ». Cette mission « sera confortée dans le prochain contrat d’objectif des chambres d’agriculture en cours de finalisation », précise le document.

Assurer la réduction des protoxydes d’azote et d’ammoniac

Lequel rappelle également que le projet de loi climat prévoit une trajectoire annuelle de réduction des émissions de protoxyde d’azote et d’ammoniac du secteur agricole jusqu’en 2030, qui sera actée via un décret. Le programme d’action national nitrates, en cours de révision, et les programmes régionaux, qui le seront en 2022, devront également permettre la mise en œuvre de pratiques limitant les surplus azotés. « L’impact de l’extension des zones vulnérables fera l’objet d’un plan d’accompagnement 2021-2023, mobilisant, selon des modalités en cours de définition, l’État et ses opérateurs, notamment les Agences de l’eau, ainsi que le réseau des chambres d’agriculture et les autres organismes de conseil agricole », indique le document. Les arrêtés concernant la désignation des zones vulnérables seront signés en septembre prochain.

Favoriser le stockage du carbone

Autre priorité affichée : l’augmentation du potentiel de stockage de carbone dans les sols agricoles. Le document cite par exemple les mesures lancées dans le cadre du Plan de relance, pour déployer les bons diagnostics carbone, dont l’objectif est de 5000 diagnostics délivrés en 2022, ou le programme de plantation des haies. Par ailleurs, pour mieux appréhender le potentiel d’atténuation du changement climatique dans le secteur agricole, une étude va être réalisée courant 2021. Le but est de dresser un état des lieux des dispositifs de valorisation financière des efforts d’atténuation du changement climatique en agriculture. Elle servira au développement d’une stratégie de développement à grande échelle de ces dispositifs.

Pousser le bio et la HVE

Parmi les autres actions citées par le document, celle du développement de la méthanisation, des PAT, de la Haute valeur environnementale et du bio. Sur ce dernier sujet, les aides prévues dans le PSN ayant suscité des remous. Le document indique que « le Gouvernement a budgété une enveloppe dédiée à l’agriculture biologique de 340 M€ par an en moyenne sur la période 2023-2027, soit un montant jamais atteint puisque jusqu’alors 250 M€ par an au maximum y étaient consacrés, incluant sur les territoires où subsistait l’aide au maintien ».

Le plan d’actions a été transmis au Haut conseil pour le climat (HCC) pour avis. Il évoluera au gré de remarques formulées par le HCC et d’autres parties prenantes, ou pour tenir compte de l’avancement des actions mentionnées.

 

Six axes d’action

  1. Accélérer le développement des pratiques agricoles permettant d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre ;
  2. Développer le potentiel de séquestration du carbone dans les sols et la biomasse forestière ;
  3. Soutenir la demande et la consommation en produits alimentaires vers des pratiques à moindre impact environnemental, en lien avec le Programme national de l’alimentation et de la nutrition (PNAN)
  4. Accompagner l’adaptation des filières agricoles et forestières face aux conséquences du changement climatique
  5. Enseigner à produire autrement et innover avec la recherche et le développement agricole
  6. Avec le souci de l’exemplarité, le Ministère multiplie les actions pour garantir un haut niveau d’écoresponsabilité.

 

*Transition écologique, Économie, Agriculture, Cohésion des territoires