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« Des problématiques montantes autour de l’agriculture », Charlotte Lepitre, Atmo France

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Atmo France, qui fédère les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa), a lancé en juin un projet de suivi des émissions à proximité des unités de méthanisation. Un dossier agricole supplémentaire pour ces organisations qui tissent des relations de plus en plus fortes avec le secteur. Explications de Charlotte Lepitre, responsable projets et partenariats chez Atmo France.

Charlotte Lepitre, responsable projets et partenariats chez Atmo France. Crédit : Marion Perrot - © D.R.
Charlotte Lepitre, responsable projets et partenariats chez Atmo France. Crédit : Marion Perrot - © D.R.

Référence agro : Comment caractérisez-vous le lien entre Atmo France et les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa), avec le secteur agricole ?

Charlotte Lepitre : Pour Atmo France, l’agriculture est un champ d’investigation qui prend de l’importance. Notre réseau, créé il y a quarante ans, était historiquement davantage focalisé sur les émissions des transports, tandis que le secteur agricole était surtout axé, en termes de pollutions, sur la problématique de l’eau. Progressivement, les Aasqa ont mis un pied en agriculture. Pour prendre l’exemple des pesticides, certaines Aasqa ont débuté la surveillance des pesticides dans l’air dès le début des années 2000. Fonctionnant d’abord au cas par cas, selon leurs problématiques et leurs moyens, les Aasqa ont progressivement harmonisé leurs méthodes en la matière, jusqu’à l’émergence de la campagne nationale exploratoire des pesticides dans l’air ambiant en 2018, puis l’instauration d’un dispositif national pérenne. Atmo France est également impliqué dans PestiRiv, projet qui aborde l’enjeu de l’exposition des riverains aux pesticides agricoles.

R.A. : Quels sont les autres dossiers agricoles sur lesquels vous travaillez ?

C.L. : Les Aasqa s’intéressent aux émissions d’ammoniac. Cela nous amène à nous pencher sur les transports, mais surtout sur les engrais azotés et les grands élevages, car l’agriculture est de très loin, à 98 %, le principal secteur émetteur. Là encore, ces campagnes étaient jusqu’à présent ponctuelles, au gré des financements débloqués en région. L’émergence d’une stratégie nationale dédiée, en 2022, va permettre pour la première fois de mutualiser les moyens.

Dans un autre registre, et dans les régions concernées, nous effectuons le suivi des émissions de de sulfure d’hydrogène (H2S) liées aux proliférations des algues vertes en métropole, et des sargasses pour les Dom-Tom. L’un des objectifs est d’offrir une évaluation de l’efficacité des politiques déployées dans ces territoires. Enfin, le dossier le plus récent pour nous est le suivi de la qualité de l’air près des unités de méthanisation avec le projet Aqamétha.

R.A. : Quelles sont vos interactions avec les acteurs du secteur agricole ?

C.L. : Les Aasqa ne se contentent pas d’un rôle d’observateur. Les liens avec les décideurs politiques et la profession sont de plus en plus solides, avec les chambres d’agriculture notamment. Au niveau national, les relations avec Chambres d’agriculture France remontent maintenant à plusieurs années. Les rapports sont plus ou moins avancés et faciles selon les régions. Tout sujet lié à des pollutions est forcément sensible. Aqamétha l’intègre pleinement : l’une des finalités est d’évaluer si l’implication précoce des riverains permettrait d’améliorer le dialogue vis-à-vis de la méthanisation, et donc, d’aider les porteurs de projet.